ARTICLES - Guerre de Sécession américaine (1861-1865)

Dr William T. Green Morton (1819-1868)

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Prix Georges Villain d'histoire de l'art dentaire

Dr William T. Green Morton (1819-1868),
le dentiste découvreur de l'anesthésie à l'éther sulfurique

par
Xavier Riaud

Dr William T. Green Morton (1819-1868) (domaine public) - Histoire de la médecine
Dr William T. Green Morton (1819-1868) (domaine public)

 

Dentiste diplômé

Morton naît le 9 août 1819, à Charlton dans le Massachusetts. Après une scolarité ordinaire, il décide d’apprendre l’art dentaire à Baltimore qu’il quitte diplômé en 1842. (American Society of Anesthesiologists, 2008). De 1842 à 1843, il est un élève, puis un associé du dentiste de Hartford, le Dr Horace Wells. L’association est rompue au bout de quelques mois (Swank, 2008 & Taylor, 1922).


Des études de médecine inachevée

De retour à Boston, son succès est très rapide. En 1844, il est un dentiste renommé sur la place de cette ville (Degusheim & Hurwitz, 1921). Il entre à l’Ecole médicale de Harvard. Il finance ses études en continuant à exercer la dentisterie. Il n’achève pas ces études à quelques mois du diplôme, sa découverte l’accaparant (www.general-anaesthesia.com, 2005).


Le Pr Charles Jackson

Il lit les travaux du professeur Charles Jackson qui lui font découvrir les propriétés de l’éther. Il veut trouver une méthode pour extraire les dents cariées sans douleur, en améliorant le confort du patient. Il assiste à un cours du même professeur qui démontre à l’assemblée que l’inhalation d’éther sulfurique provoque des pertes de conscience. En 1846, après avoir essayé sans succès probant l’opium et l’hypnotisme, se rappelant les expériences de Jackson, Morton tente l’anesthésie à l’éther (Iverson, 1998). Il effectue de nombreux essais au préalable sur lui-même, sur ses proches et sur des animaux.


Première extraction sous anesthésie

Le 30 septembre 1846, il enlève à son cabinet, avec ce dispositif, une dent à Eben Frost, marchand à Boston. Le 16 octobre, le Dr Morton effectue une démonstration devant le corps médical du Massachusetts General Hospital. L’opération d’Edward G. Abbott, imprimeur de son état, se déroule parfaitement. Le malade inhale de l’éther, perd connaissance, reste insensible tout le temps de l’intervention et se réveille sans douleur, l’ablation d’une tumeur vasculaire sous-mandibulaire ayant été faite (www.woodlibrarymuseum.org/exhibit.aspx, 2006). Le chirurgien John C. Warren, qui officie, à l’issue de l’intervention, laisse ces mots à la postérité : « Gentlemen, this is no humbug » (« Messieurs, ce ne sont pas des foutaises. » (Degusheim & Hurwitz, 1961)). Morton triomphe (www.general-anaesthesia.com, 2005).


Sous brevet américain

Allant à l’encontre de l’avis de ses amis, Morton dépose un mémoire au 29ème U.S Congrès, 2ème session afin que sa priorité sur la découverte de l’éther soit établie et pour demander une récompense pour l’utilisation de son brevet (brevet U.S. n° 4848 du 12 novembre 1846, délivré par le 30ème U.S. Congrès, 1ère session, confirmé par le 32ème U.S. Congrès, 2ème session). Le gouvernement américain ne lui paiera jamais les 100 000 dollars de compensation en retour de son brevet (Conner, 1996). Dans les mois qui suivent, le dentiste subit de nombreuses attaques qui l’affectent profondément, dont Josiah F. Flagg (1789-1853), dentiste à Boston, est le meneur (Degusheim & Hurwitz, 1961).


Un succès mondial

Morton n’obtient aucune reconnaissance du gouvernement américain pour les services rendus à son pays et au monde. Ce n’est pas le cas d’autres pays. Il reçoit la Croix de l’Ordre de St Vladimir des mains du Tsar de Russie, la Croix de l’Ordre de Vasa de la Norvège et de la Suède, et la Médaille d’or de l’Académie des Arts et des Sciences en France. En 1852, il devient docteur honoraire en médecine de la Washington University de Baltimore dans le Maryland (Swank , 2008 & Asbells, 1988).


La Guerre de Sécession (1861-1865)

Pendant la Guerre de Sécession, Morton se porte volontaire comme anesthésiste sous les recommandations du chirurgien général de l’armée de l’Union. Il sert à la bataille de Fredericksburg (10-15 décembre 1862) et est présent à celle de Chancellorsville (30 avril-6 mai 1863). Mais, il exerce aussi pendant la bataille de Wilderness (5-6 mai 1864).

Dans une lettre écrite à un ami en 1864, Morton écrit : « A l’arrivée des ambulances, les blessés sont examinés et ceux qui ne peuvent supporter le voyage sont envoyés à Fredericksburg. La nature des opérations pratiquées sur les autres est décidée après et notée sur un morceau de papier épinglé sur l’oreiller ou sur une couverture placée sous la tête du patient. Puis, j’anesthésie le patient dans un délai de trois minutes et les chirurgiens peuvent opérer. Ensuite, les infirmières pansent les moignons (Degusheim & Hurwitz, 1961). »


Rencontre avec le Dr John Brinton

En 1892 pendant la remise des diplômes d’une classe du Jefferson Medical College de Philadelphie, John Brinton, chirurgien d’Ulysses S. Grant (1822-1885), fondateur du Musée médical de l’Armée ouvert à Washington D. C. en 1887, relate cette anecdote : « Quand Morton arrive au Q. G. du général Grant au début de l’été 1864, j’étais présent. Alors en pleine conversation avec lui, un soldat nous annonce qu’un docteur en civil, souhaite voir le général dans le but d’obtenir une ambulance pour son usage personnel, afin de visiter les hôpitaux sur le front. Le général lui a répondu : « Les ambulances sont réservées aux malades et aux blessés et ne peuvent être utilisées à cette fin. » Je suis allé à lui et j’ai immédiatement reconnu le Dr Morton. Je suis retourné alors vers le général. Je me suis aventuré à lui dire : « Mais, général, si vous saviez qui est cet homme, je suis sûr que vous accèderiez à sa demande. (…) Il est le Dr Morton, le découvreur de l’éther. » Grant a rétorqué alors : « Vous avez raison, il a fait plus pour les soldats que quiconque. Laissez-le avoir son ambulance et tout ce qu’il veut. » Après cela, pendant tout son séjour, sur ordre du haut commandement, Morton a reçu l’hospitalité du quartier général, une ambulance, une tente, et un assistant (Brinton, 1996). » Il anesthésiait régulièrement plus de 100 hommes par jour. Il a sauvé plus de 2 000 soldats des douleurs engendrées par le couteau du chirurgien (Iverson, 1998).


Un article inattendu

Après la guerre, le 6 juillet 1868, William se rend à New York pour répondre à un article qui affichait la revendication du professeur Jackson d’être celui qui avait découvert l’éther sulfurique. Aucun article de cette sorte n’était plus publié, le monde médical ayant admis le rôle primordial de Morton dans cette découverte (Degusheim & Hurwitz, 1961). Le 11 juillet, William envoie un télégraphe à sa femme. Il est malade. Lors d’une promenade à Central Park, il perd conscience à 23h00, le 14 juillet 1868 (www.general-anaesthesia.com, 2005). Il est conduit à l’hôpital Saint Luke (Degusheim G. A. & Hurwitz A., 1961).


Un décès prématuré

Le Dr William Thomas Green Morton décède le 15 juillet 1868, d’une « congestion du cerveau » (Iverson, 1998). Il est enterré à Boston, dans le Mt Auburn Cemetery.

Références bibliographiques :

American Society of Anesthesiologists, communication personnelle, Park Ridge, U. S. A., www.asahq.org/wlm, 2008.

Brinton John H., Personal Memoirs of John H. Brinton, Civil War Surgeon, 1861-1865, Southern Illinois University Press, Carbondale, 1996.

Conner H. Eugene, « William T. G. Morton and the U.S. Congress », in ASA Newsletter, http://www.asahq.org, September 1996; 60 (9): 1-2.

Degusheim G. A. & Hurwitz A., « An intimate view of the letheon controversy », in Surgery, October 1961; 50 (4): 716-724 (Témoignage d’Elizabeth Whitman Morton).

Iverson Daniel, « The Civil War: three dentists who made a difference », in J.Hist.Dent., 1998 Jul; 46(2):85-88.

Swank Scott, communication personnelle, Conservateur du Dr Samuel D. Harris National Museum of Dentistry, Baltimore, 2008:

  • Asbells, Dentistry: A Historical Perspective, 1988.

  • Taylor A., History of Dentistry, 1922.

www.general-anaesthesia.com, William Morton (1819-1868), 2005, pp. 1-5.


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