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Le cancer du maxillaire supérieur

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Prix Georges Villain d'histoire de l'art dentaire

Le cancer du maxillaire supérieur de Sigmund Freud (1856-1939)

Par
Xavier Riaud

Résumé

De 1919 à sa mort, Sigmund Freud est soigné d’un cancer du maxillaire par deux chirurgiens exceptionnels, l’Autrichien, Hans Pichler, et l’Américain, Varaztad Kazanjian. Fuyant le régime nazi, il s’exile en Angleterre où il en meurt, après de multiples récidives de la maladie.


Summary

From 1919 to his death, Sigmund Freud was treated for a maxillary jaw bone cancer by two exceptional surgeons, the Austrian, Hans Pichler, and the American, Varaztad Kazanjian. Escaping the Nazi regime, he went into exile in England where he died after numerous recurrences of the disease.


Très brièvement, Sigmund Freud (1856-1939)…

Principal théoricien de la psychanalyse, il repense les processus et instances psychiques, et en premier lieu les concepts d'inconscient, de rêve et de névrose, puis propose une technique de thérapie, la cure psychanalytique. Freud regroupe une génération de psychothérapeutes qui, peu à peu, élaborent la psychanalyse, partout dans le monde. En dépit des scissions internes et des critiques émanant de certains psychiatres, notamment, et malgré les années de guerre, la psychanalyse s'installe comme une nouvelle discipline des sciences humaines dès 1920. En 1938, Freud, menacé par le régime nazi, quitte alors Vienne pour s'exiler à Londres, où il meurt d'un cancer en 1939.


Le cancer de Freud

En 1919, Sigmund Freud consulte Hans Pichler (1877-1949), stomatologue autrichien, considéré alors comme un des meilleurs chirurgiens de la face européens, pour la première fois, pour une enflure douloureuse sur le palais droit et au niveau de la tubérosité maxillaire qui a persisté pendant une semaine [Romm & Luce, 1984, pp. 31-32].

De 1923 à 1938, Pichler opère le philosophe, qui est un grand fumeur, à environ 25 reprises d’un cancer du côté droit du palais mou, du palais dur, de l’arche glosso-palatine, de la muqueuse buccale et de la muqueuse postérieure de la mandibule. Le 4 et 11 octobre 1923, il pratique l’excision d’une partie de la mâchoire supérieure et du palais droit, avec ligature de l’artère carotide droite externe et ablation des ganglions lymphatiques sous-mandibulaires et cervicaux. Le 12 novembre 1923, il réalise la résection du processus ptérygoïdien et d’une partie du palais mou. Les opérations sont un succès. La convalescence est difficile et Freud ne reprend le travail qu’en janvier 1924 [Krémer, sans date, pp. 1-3]. Sa première prothèse ayant été posée en 1923, il réalise aussi son 5ème obturateur palatin en 1928.

Le jour de ses 70 ans, il affirme : «  Je déteste ma mâchoire mécanique. » A propos de ses nouvelles prothèses, il n’hésite pas le parallèle : « Poser une nouvelle prothèse, c’est comme la quête du bonheur. On croit l’avoir atteint et, puis, très vite, on se rend compte que tout est à refaire [Deranian, 2007, pp. 165-170]. » Quand on lui demande de parler le français, il refuse en disant : « Ma prothèse ne parle pas français. »

Dans une lettre du 23 avril 1923, Freud écrit : « J’ai détecté, il y a 2 mois, une grosseur leucoplasique sur mon maxillaire et mon palais droit qui ont été déjà enlevé. Je ne travaille toujours pas et ne peut déglutir. Je suis sûr de sa bénignité, mais, comme vous le savez, on ne peut jamais être certain tout à fait. Mon diagnostic personnel penche pour un epithelioma, mais n’a pas été accepté par les confrères. Le tabac en serait responsable. » Il avait commencé à fumer à l’âge de 24 ans et s’était très vite mis à consommer exclusivement des cigares.

En 1930, Freud fait deux séjours à Berlin, où une première prothèse est posée par le Dr Hermann Schroeder, directeur du Dental Institute of the University of Berlin. Ses voyages dans la capitale épuisent le patient. Aussi, pendant un laps de temps très court, un dentiste de Vienne, le Dr Joseph Weinmann, entreprend de s’occuper de lui. Dans les deux cas, Freud souffre beaucoup et ne tolère pas les prothèses réalisées chez lui.

En 1931, le Dr Brunswick, un proche collaborateur de Freud sollicite, à l’insu du patient, le professeur Varaztad Kazanjian (1879-1974), éminent dentiste américano-arménien et pionnier de la chirurgie maxillo-faciale au XXème siècle, pour qu’il vienne à Vienne et conçoive les nouvelles prothèses du philosophe. De passage en Europe pour des congrès à Londres et à Paris, en 1931, Kazanjian refuse au début. Brunswick demande alors à la princesse Marie de Grèce d’intervenir, ce qu’elle fait. Kazanjian finit par accepter et fait un détour par Vienne, le 31 juillet et le 1er août. Au cabinet de Pichler, il reçoit ces deux jours, le philosophe. Le 3 août, dans son journal intime, Freud écrit : « Et l’incroyable s’est produit ! En une journée et demie, le magicien a réalisé une prothèse qui est moitié moins envahissante et lourde que toutes les autres, avec laquelle je peux mâcher, parler et fumer comme avant [Deranian, 2007, pp. 165-170]. » Il a conçu lui-même, de ses propres mains, dans le laboratoire de Pichler, avec les fournitures que lui a fait parvenir la princesse Marie, en fait trois prothèses. Freud sait que Kazanjian peut difficilement faire plus pour lui [Hardt, sans date, pp. 6-9]. Plus tard, Kazanjian dira, à un de ses confrères, que les chances de succès étaient bien minces. Kaznajian quitte Vienne, le 29 août. Le 30 août 1931, Freud écrit : « Le magicien est parti hier. Je ne me sens pas aussi bien, mais je parle beaucoup mieux. Il me semble difficile de faire plus pour moi [Deranian, 2007, pp. 165-170]. » Kazanjian a demandé 5 000 $ pour son travail qui lui ont été payés. Pendant tout son séjour, Kazanjian est resté uniquement dans le laboratoire de Pichler. Il n’a rien vu de Vienne. Il a travaillé nuit et jour, et le patient a consulté parfois pendant 3 à 4 heures dans une journée. Après ce court séjour de 20 jours, Kazanjian ne peut plus revenir à Vienne, car il doit se rendre auprès de sa famille [Deranian, 2007, pp. 165-170]. Les prothèses de Kazanjian servent pendant 3 ans au célèbre psychanalyste.

Le dentiste autrichien a par ailleurs vu 143 fois Freud en consultation entre 1923 et 1924, et 122 fois entre 1926 à 1928 [Hardt, 2007, pp. 6-9]. Il l’aurait traité 16 fois en 1923, 74 fois en 1924 et 94 fois en 1932 [Deranian, 2007, pp. 165-170]. En 1938, Pichler examine Freud une dernière fois avant son départ d’Autriche, car il craint les Nazis. Il l’examine aussi le 7 septembre 1938, à Londres, et constate une récidive de son carcinome [Hardt, 2007, pp. 6-9]. Freud meurt en 1939, à 83 ans, d’un carcinome verruqueux d’Ackerman. Il aurait demandé, avec l’accord d’Anna Freud, sa fille, à son médecin personnel autrichien de 1928 à 1938, Max Schur, de lui injecter une dose – mortelle ? – de morphine. Max Schur (1897-1969), médecin versé également dans la psychanalyse, formé à Vienne et ami intime de son illustre patient, a fait le choix de le suivre en Angleterre, dans sa fuite du régime hitlérien. Sigmund Freud n’a jamais cessé de fumer, malgré sa maladie. Quant à Pichler et Kazanjian, ils sont restés amis par la suite et n’ont pas cessé de correspondre [Deranian, 2007, pp. 165-170].


Le carcinome verruqueux d’Ackerman

C’est une forme histologique rare de carcinome, actuellement reconnue comme une entité clinique et histopathologique indépendante. Il peut se développer au niveau de toutes les muqueuses des voies aérodigestives supérieures, la cavité buccale étant le site le plus fréquemment atteint, suivie de la muqueuse laryngée. Décrit pour la première fois en 1948, par Lauren V. Ackerman (1905-1993), médecin et pathologiste américain prestigieux qui a sublimé la chirurgie cancéreuse, il représente 1 à 3 % des carcinomes laryngés et 2 à 12 % des carcinomes buccaux. L’âge moyen au moment du diagnostic est 69. Il existe une corrélation indéniable avec l’usage du tabac et une mauvaise hygiène bucco-dentaire. C’est une lésion leucoplasique, papillomateuse, exophytique et localement agressive [Montjean & al., 2004, p. 173].


Hans Pichler (1877-1949)

Fils d’un dentiste, Hans Pichler naît à Vienne, en 1877. Premier dans toutes les activités sportives, aussi bien adolescent qu’adulte, il obtient le respect de ses pairs. Démontrant sa résistance physique en permanence, il excelle dans de nombreux sports, y compris le ski et l’alpinisme. Il conservera ce goût prononcé pour les challenges physiques de toutes sortes, sa vie durant [Romm & Luce, 1984, pp. 31-32]. Après le gymnase, il entame des études médicales à Vienne, Fribourg et Prague. Le 10 août 1900, il participe à la réunion des 9 fondateurs de la Fédération dentaire internationale (FDI). Le lendemain, a lieu dans les locaux de l’Ecole dentaire de Paris, la première réunion du conseil exécutif de la FDI à laquelle il ne peut assister parce qu’il est malade [Ennis, 1967, pp. 1, 8].

Cette année-là, il choisit une carrière chirurgicale à la clinique d’Anton Eiselsberg (1860-1939), chirurgien distingué de Vienne. Atteint d’eczéma suite à l’usage d’un antiseptique pour désinfecter ses mains avant chaque opération, il s’oriente vers la chirurgie dentaire et suit les cours de l’école dentaire de la Northwestern University de Chicago, en 1902. Sous la tutelle de Green Valdimar Black (1836-1915), auteur de la classification des lésions carieuses, père de la non moins célèbre « extension prophylactique » et premier doyen

de l’école dentaire de la Northwestern University en 1897, Hans suit au début avec perplexité l’enseignement américain. Puis, gagné par son pragmatisme scientifique, il obtient son diplôme dentaire à la fin de l’année. Ses prises de position et l’expression de ses opinions constituent vite un pôle d’intérêts majeur attendu des meilleurs cliniciens [Romm & Luce, 1984, pp. 31-32]. L’année d’après, Pichler repart à Vienne où il s’installe. En tant que professeur, il dirige l’Institut dentaire de l’université de Vienne. Là, il enseigne les principes de l’art dentaire et de la chirurgie orale, et milite pour l’établissement d’un cursus pour les dentistes autrichiens sanctionné à la fin par un diplôme.

Pendant la Grande Guerre, son travail connaît un essor phénoménal et il acquiert vite une dextérité peu commune et reconnue. Le travail scientifique de Pichler est colossal. Il couvre de nombreux domaines de la dentisterie. Il a écrit 125 articles et a contribué à plusieurs livres. Focalisant ses recherches sur la chirurgie maxillo-faciale et la dentisterie préventive, il s’enquiert aussi de la prothèse mise en place suite à la résection d’une mâchoire, du traitement des névralgies trigéminales et de la gestion des fentes de la face. Il devient vite un grand ami de Victor Veau (1871-1949), le célèbre chirurgien français [Romm & Luce, 1984, pp. 31-32]. En 1936, Hans préside le IXème congrès de la Fédération dentaire internationale à Vienne. Alors professeur, il affirme avec conviction : « Nous, Autrichiens, voulons rester en contact avec la médecine, mais nous voulons collaborer avec les dentistes du monde entier vers un objectif commun. » Le congrès connaît un franc succès, ce qui fait la fierté de Pichler, dans un pays où les dentistes sont avant tout des stomatologues. Deux résolutions approuvées par Pichler sont enregistrées à ce meeting : l’abolition de toute rivalité entre les stomatologues et les dentistes qui doivent travailler en parfaite harmonie, et l’obligation pour les dentistes d’avoir suivi une formation médicale appropriée sous contrôle universitaire [Ennis, 1967, pp. 110, 112]. Hans traduit en allemand le livre de Black et en 1948, il publie son livre en 3 volumes intitulé Chirurgie de la bouche et des mâchoires, recueil de ses expériences professionnelles [Deranian, 2007, pp. 165-170]. Pichler était un homme calme, avec du tempérament. Timide, il apparaissait de prime abord réservé et modeste. Méticuleux à l’extrême, il faisait attention à tous les détails. Plein de tact, il savait consoler et se montrer attentionné avec ses patients [Romm & Luce, 1984, pp. 31-32]. Hans Pichler meurt le 3 février 1949, à Vienne [Riaud, 2010, pp. 119-122].


Histoire de la médecine par Xavier Riaud - Professeur Hans Pichler (1877-1949)

Professeur Hans Pichler (1877-1949)

[© Osterreichische Nationalbibliotek, 2009].


Varaztad Hovhannes Kazanjian (1879-1974)

Varaztad naît le 18 mars 1879, à Erzincan, en Arménie turque. Il fait une partie de sa scolarité à la mission française jésuite de Sivas. En 1893, il émigre vers Samsun pour vivre et travailler pour un demi-frère plus âgé. Par la suite, il travaille à la poste de Samsun [http://www.armeniapedia.org, 2006, pp. 1-3]. En 1895, il part pour les Etats-Unis où il arrive en octobre. Il vit dans la communauté arménienne de Worcester. Il prend des cours par correspondance avant d’entrer aux cours du soir de Worcester. Le 15 octobre 1915, il devient citoyen américain. En 1902, il entre à la Boston English High School. Il est admis à l’Ecole dentaire d’Harvard. Il fait partie de la promotion de 1905, année où il sort diplômé de cette école, le 28 juin. Il entame aussitôt un exercice libéral à Boston [Deranian, 2007, pp. 200-202].

En 1906, il est nommé assistant en dentisterie mécanique, puis, assistant en prothèse dentaire en 1907 et enfin, démonstrateur en prothèse dentaire en 1909, à l’Ecole dentaire d’Harvard. En 1911, il entre en deuxième année à la Faculté de médecine de Boston. En 1912, il est nommé chef du département de prothèse dentaire de l’Ecole dentaire d’Harvard. La même année, il quitte la Faculté de médecine de Boston. Le 21 décembre 1912, il épouse Sophie Augusta Cuendet à Boston. Celle-ci décède le 10 août 1919.

Pendant la Première Guerre mondiale, Kazanjian exerce principalement en tant que dentiste [Deranian, 2007, pp. 65-102, 200-202]. En 1915, il est nommé officier dentaire en chef dans l’unité médicale d’Harvard, présente dans les forces expéditionnaires britanniques. Il sert avec le rang de lieutenant honoraire. Il officie à Camiers, en France, dans les hôpitaux généraux n° 20 et n° 22. En septembre, il est à Paris, en rendez-vous avec le Dr Hayes, au département dentaire de l’American ambulance. Il travaille sans relâche à l’hôpital n°22 où il traite pas moins de 22 blessés en un mois. Ces réalisations prothétiques sont innovantes et originales. Aucune n’est semblable. Utilisant des attaches dentaires au maximum, il immobilise des fragments osseux dans le cadre de fractures des maxillaires et les fixent en harmonie avec l’occlusion d’origine. En octobre 1915, il retourne aux USA. Il est de retour en Angleterre avec une seconde unité provenant d’Harvard, le 17 novembre. Le 3 décembre, il visite Oxford. Dans le même mois, il est affecté à l’hôpital général n° 20 qui est sous contrôle anglais. C’est ainsi que, lorsqu’il entrait dans la grande salle, les blessés lui baisaient la main dans un geste de respect et de gratitude. Kazanjian innove tellement que les journaux en font leurs éditoriaux. Ses techniques novatrices sont devenues des procédures chirurgicales de référence. En avril 1916, il parle devant la Société américaine de Paris. En juin, il est promu major honoraire, dans le corps médical de l’armée anglaise. Le 15 du même mois, il rend son article à l’Association dentaire britannique, intitulé « Traitement immédiat des fractures des mâchoires par balle ». A l’intérieur, apparaissent ses protocoles de traitement, mais aussi une classification des fractures. Le 7 novembre 1917 et le 7 avril 1918, le médecin arménien reçoit deux citations signées par Churchill. Kazanjian travaille à la tête de 6 dentistes qui, en nombre insuffisant, essaient d’apporter tout le réconfort possible aux blessés. C’est là que Varaztad invente le clamp de Kazanjian destiné à arrêter les hémorragies artérielles, le bouton de Kazanjian pour immobiliser les maxillaires avec des élastiques et l’attelle de Kazanjian destinée aux fractures nasales. Le 3 juin 1918, il est fait compagnon de Saint Michael et de Saint Georges. Sa notoriété grandit de jour en jour. Il est très ami avec Gillies et Fry en qui il voit des alliés fidèles. Cette année-là, il est nommé professeur de chirurgie orale militaire, à l’Ecole dentaire d’Harvard [Deranian, 2007, pp. 65-102, 200-202]. En 1919, il est démobilisé après avoir traité environ 3 000 patients. Il reçoit l’investiture de sa décoration des mains du roi George V à Buckingham Palace en mai. Il revient aux Etats-Unis où il est admis en troisième année à l’Ecole médicale d’Harvard. Il reprend ses fonctions de professeur de chirurgie orale militaire à l’Ecole dentaire d’Harvard [Deranian, 2007, pp. 200-202]. En 1921, il est diplômé en médecine. Il entame à Boston un exercice privé en chirurgie plastique de la face, en prothèses chirurgicales et en chirurgie orale. En 1923, le 25 août, il se remarie. En 1931, il est nommé chirurgien responsable des opérations de chirurgie plastique au Massachusetts Eye and Ear Infirmary. Dans le même temps, il devient consultant au Massachusetts General Hospital. En 1932, il reçoit une récompense de la société dentaire de l’Etat de Rhode Island. En 1937, il préside l’Académie américaine des sciences dentaires et en 1940, l’Association des chirurgiens plastiques américains. En 1943, il reçoit la médaille Alfred E. Fones de la société dentaire du Connecticut. En 1947, il est enseignant à titre honorifique de l’Ecole de médecine de l’université de Pennsylvanie [Deranian, 2007, pp. 200-202]. En 1949, paraît la première édition de son livre co-écrit avec le Dr John Marquis Converse, intitulé The Surgical Treatment of Facial Injuries (Le traitement chirurgical des blessures de la face). En 1951, il est congratulé par la Société américaine de chirurgie plastique et reconstructive pour son implication prépondérante dans l’organisation et le développement de cette discipline. En 1952, il est fait docteur honoris causa par le Bowdoin College. En 1953, lui est délivré la clé d’honneur de l’Académie d’ophtalmologie et d’ORL. En 1954, il reçoit une récompense de la Société américaine des chirurgiens oraux et il est fait membre d’honneur de l’Académie de chirurgie orale Chalmers Lyons de l’université du Michigan. En 1956, une récompense honorifique lui est attribuée par la Société américaine de chirurgie maxillo-faciale. Cette année-là, lui est décernée la médaille commémorative Leonard Wood par l’Association des élèves du Boston City Hospital et il est fait également membre d’honneur de la Société dentaire du Massachusetts. En 1957, il est nommé membre d’honneur et obtient une récompense honorifique de la New England Society des chirurgiens oraux. En 1957 toujours, il devient membre d’honneur de la Société dentaire de Worcester. En 1959, il est décoré par l’Association américaine des chirurgiens plastiques. La seconde édition de son livre paraît la même année. En 1960, il est le premier président de la New England Society de chirurgiens oraux. En 1962, il reçoit les félicitations écrites du président de l’université de New York pour son œuvre [Deranian, 2007, pp. 200-202]. En 1964, il prend sa retraite et cesse par conséquent ses activités. En 1966, il est nommé membre d’honneur de l’Association britannique des chirurgiens plastiques de Londres et en 1967, du Royal College des médecins et chirurgiens de Glasgow. Cette même année, lui est décerné l’Harvard Dental Centennial, une récompense illustrant cent ans de dentisterie à Harvard. Il décède le 19 octobre 1974, dans sa maison de Belmont, entouré de sa famille [Deranian, 2007, pp. 200-202]. Homme simple, humaniste et humble, attaché à sa famille et fidèle en amitié, assidu et passionné par son travail, adulé par ses élèves, mais aussi par ses confrères, aimant la nature et la pêche par-dessus tout, ne reniant jamais ses origines arméniennes, citoyen américain d’esprit servant sa nouvelle nation avec ferveur, Kazanjian est considéré comme la référence de la chirurgie maxillo-faciale au XXème siècle. Ses patients ainsi que ses collaborateurs l’ont dépeint comme un virtuose du bistouri. Les organisations médicales et les médias l’ont pleuré, et n’ont eu de cesse de rendre hommage à cet homme à l’annonce de sa mort, et encore bien des années après. Il laisse 154 publications dans des revues américaines, britanniques, françaises (7), espagnoles (2) et allemande (1), échelonnées de 1911 à 1975, la dernière étant posthumes. Parmi elles, il y a 50 collaborations scientifiques. Il officie dans 18 cliniques ou hôpitaux. Il enseigne l’orthodontie à l’Harvard Forsyth Post-graduate of Orthodontia (1919-1920), l’ORL au Tufts College Medical School en 1944. Il est nommé professeur de chirurgie orale à l’Harvard Medical School en 1922, professeur de chirurgie plastique à l’Harvard Medical School en 1941. Il est fait professeur émérite de chirurgie plastique à l’Harvard Medical School en 1947 [Deranian, 2007, pp. 200-202 ; Riaud, 2010, pp. 71-78].


Histoire de la médecine par Xavier Riaud - Professeur Varaztad H. Kazanjian (1879-1974)

Professeur Varaztad H. Kazanjian (1879-1974)

[© Francis A. Countway Library of Medicine, 2009].


Bibliographie


DERANIAN M. (2007) – Miracle Man of the Western Front, Chandler House Press, Worcester.

ENNIS J. (1967) – The Story of the Fédération dentaire internationale (1900-1962), FDI (ed.), Londres.

FRANCIS A. COUNTWAY LIBRARY OF MEDICINE (2009) – Harvard Medical Library, communication personnelle, Boston, USA.

HARDT N. (sans date) – « Sigmund Freud, his oral neoplastic disease and oral, maxillary, and facial surgery », in AO Dialogue, pp. 6-9.

http://www.armeniapedia.org (2006) – Varaztad Kazanjian, pp. 1-3.

KREMER R. (sans date) – « Le martyre de Sigmund Freud (1920-1939) », in http://www.md.ucl.ac.be, pp. 1-3.

Montjean F. & al. (2004) – « Le carcinome verruqueux oral », in Rev. Med. Brux. ; 25 : 173-177.

Osterreichische Nationalbibliotek (2009) – communication personnelle, Picture Archive, 203340-C, Vienne, Autriche.

RIAUD X. (2010) – Pionniers de la chirurgie maxillo-faciale (1914-1918), L’Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers les siècles, Paris.

ROMM S. & LUCE E. A. (January 1984) – « Hans Pichler: Oral surgeon to Sigmund Freud », in Oral Surgery, Oral Medicine and Oral Pathology, 47 (1): 31-32.


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