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Histoire de la médecine

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Prix Georges Villain d'histoire de l'art dentaire


Les soldats de la Wehrmacht
étaient drogués pour tenir bon pendant toute la Seconde Guerre mondiale

par
Xavier Riaud

 

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande envahit l'Europe à une vitesse extraordinaire. Pour soutenir et aider les soldats nazis dans leur effort considérable, leurs médecins leur délivraient des comprimés de Pertivin qui devaient leur permettre de conserver leur tonus énergétique. Aujourd'hui, ce médicament porte le nom de métamphétamine (Robson, 2013).


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Tube de Pervitin.


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Défilé des troupes allemandes à Paris en 1940.


La méthamphétamine a été synthétisée pour la première fois au Japon en 1893 par le chimiste Nagai Nagayoshi, puis sous forme cristalline en 1919 par le chimiste Akira Ogata. La forme HCl a été synthétisée, brevetée en 1937 et commercialisée dès 1938 par la société pharmaceutique allemande Temmler Werke GmbH sous la marque Pervitin. Ce dérivé de méthédrine a été distribué dans la Wehrmacht à très grande échelle et à tous les niveaux des unités combattantes jusque dans les ministères. La méthédrine a permis aux troupes allemandes de ne prendre aucun repos pendant les onze jours de la campagne des Balkans, en mai 1941.

Mais, il faut savoir que la benzédrine — à l'époque, forme non commerciale de l'amphétamine proprement dite — a largement été aussi utilisée sur les soldats alliés. La benzédrine a joué un rôle important dans la bataille d'Angleterre, en permettant aux aviateurs anglais de compenser leur infériorité numérique. Les pilotes des bombardiers américains en absorbaient fréquemment et les troupes américaines débarquées en Normandie, en 1944, en ont fait une large consommation. Les usines d'armement japonaises en distribuaient à leurs ouvriers (Hautefeuille & Véléa, 2002).


Le journal allemand Der Spiegel, qui s'appuie sur des lettres de Heinrich Böll, cet écrivain allemand, prix Nobel de littérature en 1972, que ce dernier était au front pendant le conflit. « Il écrivait régulièrement à sa famille, en évoquant ces "pilules miracles" grâce auxquelles les soldats gardaient le moral. Le 9 novembre 1939, alors que Böll est stationné en Pologne, il écrit à ses parents: "C'est dur ici, et j'espère que vous comprendrez si je ne peux vous écrire qu'une fois tous les deux ou quatre jours dans les temps à venir. Aujourd'hui, je vous écris surtout pour vous demander du Pervitin (...). Je vous embrasse, Hein." Comme de nombreux soldats et pilotes allemands, le jeune auteur est rapidement devenu accro au Pervitin (Robson, 2013). » « Dans une lettre envoyée en mai 1940, le jeune soldat Böll explique à ses parents qu'il est devenu "froid", "sans réaction". Il explique qu'une seule pilule de Pertivin était aussi efficace que des litres de café pour rester en alerte. Encore mieux : le médicament semblait faire disparaître tous ses soucis et, pour quelques heures au moins, il était heureux (Robson, 2013). »


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Heinrich Böll (1917-1985).


Au total plus de 200 millions de comprimés ont été distribués à la Wehrmacht et à la Luftwaffe entre 1939 et 1945. Les soldats allemands la surnommaient "Panzerschokolade", ce qui signifie "réservoir de chocolat". Hitler, lui-même, s’en administrait par voie intraveineuse. Si ce produit a dopé les nazis, ses effets secondaires sont particulièrement graves : vertiges, sueurs, dépression et hallucinations. Certains soldats sont morts d'insuffisance cardiaque, d'autres se sont tués pendant des phases psychotiques. Au vu des symptômes découlant de la consommation de cette substance, des médecins se sont opposés très vite à sa distribution systématique aux soldats de l’armée allemande. Leonardo Conti, chef de la santé du Troisième Reich, en fait partie (Robson, 2013).


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Leonardo Conti (1900-1945).


« En janvier 1942, un groupe de 500 soldats se trouve pris dans la nasse soviétique. Il fait froid. Les températures descendent en dessous de 30 degrés. Le médecin de cette unité écrit alors : "J'ai décidé de leur donner du Pervitin quand ils ont commencé à s'allonger dans la neige, voulant mourir. Après une demi-heure, les hommes ont commencé à montrer spontanément qu'ils se sentaient mieux. Ils ont recommencé à marcher de façon ordonnée, leurs esprits étaient meilleurs, et ils étaient plus vigilants" (Robson, 2013). »

«La Blitzkrieg a été alimentée par cette drogue», a déclaré un pharmacologue. « L’idée était de transformer de simples soldats, marins et aviateurs, en pantins capables de performances surhumaines. » Otto Ranke, médecin militaire et directeur de l’Institut de physiologie générale et de la défense à l’Académie de médecine militaire de Berlin, a eu la responsabilité du régime à base de Pervitin. Il a constaté notamment que le médicament donnait à leurs utilisateurs une confiance en soi et une conscience de soi exacerbées (Robson, 2013).


D'après des recherches menées par l'Association allemande des médecins, les scientifiques nazis se seraient vivement préoccupés de médicaments qui sont depuis devenus des drogues bien connues aujourd’hui de l’imagerie populaire. L’une d’entre elles, en cours d’expérimentation, baptisée D-IX et composée principalement de cocaïne, a été mise au point pour que les soldats soient encore plus performants (Robson, 2013). Elle a été testée sur les détenus du camp de concentration de Sachsenhausen. Les médecins nazis espéraient produire en masse cette substance hautement toxique et la distribuer aux troupes en 1944, mais la guerre s'est achevée avant que ce projet ne se concrétise. Ces mêmes médecins allemands ont aussi fait des expériences avec le LSD hallucinogène, dans le but final de contrôler l'esprit. « Les scientifiques nazis pensaient qu'il pourrait être utilisé pour améliorer la mémoire, contrôler le comportement et aider lors des interrogatoires. "C'était la dernière arme secrète de Hitler pour gagner une guerre qu’il avait déjà perdu il y a longtemps", explique le criminologue Loup Kemper, auteur d'un livre en langue allemande sur l'utilisation de médicaments sous le Troisième Reich. "Les médecins de l'armée nazie voulaient transformer de simples soldats en des pantins, capables de performances surhumaines" (Robson, 2013). »


Pour mémoire, on connaît les effets bienfaisants du fluor sur les dents, mais on sait aussi les effets toxiques du fluor à haute dose (ostéoporose, dégâts génétiques, troubles cardiaques et psychiques). Les effets psychiques du fluor ont été démontrés, quant à eux, par les savants à la solde du IIIe Reich. Hitler a donné l’ordre aux usines chimiques d’I. G. Farben, basées à Francfort, de produire du fluor en grande quantité. Celui-ci devait être mélangé à l’eau potable destinée aux prisonniers des stalags. Cette distribution a eu pour but de maintenir la discipline dans les camps et de calmer l’ardeur que mettaient les prisonniers à tenter de s’évader, grâce aux effets sédatifs du fluor. L’emploi de la fluoration par les nazis pour réduire la résistance à la commande de la population a été confirmé en 1954 par un chimiste américain, Charles Perkins, chargé d’administrer les possessions d’I.G. Farben après la guerre. Le Tribunal de Nuremberg a mis en évidence la culpabilité de 24 responsables d’I. G. Farben pour divers crimes commis pendant la guerre et a scindé la société en trois entités distinctes : Basf, Bayer, Hoechst. Les responsables d’I. G. Farben de l’époque ont été libérés par le ministre des Affaires étrangères des U.S.A. I. G. Farben a été aussi impliquée dans la plupart des expérimentations médicales nécessitant des essais pharmaceutiques et également la production de Zyklon B, insecticide employé dans les chambres à gaz (sans auteur, sans date; Montgomery, 2000; U. S. Public Health Service, 1997).


Références bibliographiques :

Hautefeuille Michel & Véléa Dan, Les drogues de synthèse, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2002.

Lamendin Henri, communication personnelle, Guillestre, 2013.

Montgomery Dan, « Le système de la Fluoration et de la Commande de l’esprit met en jeu votre santé et votre liberté », in http://www.sonic.net/kryptox/history/perkins, 2000.

Robson Steve, « Nazis on narcotics: How Hitler’s henchmen stayed alert during war by taking Crystal Meth », in Mail Online, www.dailymail.co.uk, 01/06/2013, pp. 1-10.

Sans auteur, « Le Fluor », in http://conspiration.com.free.fr/Fluor.htm, sans date.

U. S. Public Health Service, « Fluoride - the Modern Day DDT », in http://home.interkom.com, 1997.


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