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Prix Georges Villain d'histoire de l'art dentaire


Les dents des résistants
par
Xavier Riaud

Les problèmes dentaires des résistants

Les résistants ont beaucoup souffert des dents. Voici à cet effet le témoignage de deux dentistes résistants déportés. D’après le Dr Paul Le Caër (1972), chirurgien-dentiste résistant et déporté, « nombreuses furent les gingivites, les stomatites ulcéreuses, bien souvent en rapport avec des évolutions de dents de sagesse, - compte tenu du jeune âge des maquisards -, des aphtes, des ulcérations non spécifiques, des trismus ou des luxations de la mandibule. La pathologie en l’absence d’hygiène et de soins s’étendait à la pulpite ou à l’abcès évoluant par tous les stades. Les fistules et ostéites résultaient du manque de traitement local et général.

Pour les résistants actifs, les soins n’étaient pas pensables, d’où de nombreuses édentations, pertes irréparables pour l’avenir dentaire. L’angoisse et l’anxiété de certains résistants se traduisirent par des parafonctions autodestructrices entraînant des maladies des gencives, lésant le tissu de support des dents.

Pour les porteurs de prothèses, se fut souvent un petit drame au moindre accident prothétique ou à la perte d’un pilier de bridge. »

Ceci est confirmé par le Dr Henri Stroweis (1973), chirurgien-dentiste déporté.

« Qu’il ait été maquisard ou résistant sans uniforme, sa pathologie buccale et dentaire a été semblable à celle des soldats d’une armée de campagne : nourriture mal équilibrée, manque d’hygiène, fatigue excessive, traumatisme, psychisme perturbé par des angoisses et par la peur.

Parmi les maquisards, beaucoup très jeunes, présentaient des accidents d’évolution de dents de sagesse qui, ne pouvant être traités correctement, revêtaient des formes graves. Pour tous les Résistants vivant dans la clandestinité, la difficulté de se faire soigner entraînait des complications : caries pénétrantes, édentations, infections diverses.

Pour certains, cette vie en insécurité permanente, donna naissance à des angoisses se traduisant par des tics, des parafonctions amenant des lésions du parodonte et des gingivopathies.

Pour les porteurs de prothèse, le moindre accident de leur appareillage, l’impossibilité de le faire réparer ou rectifier, fut souvent ressenti comme un drame tant sur le plan moral, par la création d’un sentiment de perte d’intégrité, que sur le plan physique : leurs difficultés de mastication aggravant leur état de malnutrition. »

A cela s’ajoute évidemment, après les arrestations par la Gestapo, les tortures de toutes sortes responsables de pathologies dentaires. Lors de leurs arrestations, tous ont subi un interrogatoire serré, très souvent émaillé de tortures diverses, subtilement mises au point par la Gestapo. Ainsi, la Gestapo de Rennes ou celle de Paris a une pratique courante et affectionnée parmi tant d’autres qui est « le limage des dents  jusqu’au nerf » ou les extractions dentaires, bien sûr, sans anesthésie (dumont, 1971). « Beaucoup ont perdu jusqu’à la totalité de leurs dents en refusant de parler. Après la guerre, les prothèses ont été faites gratuitement. », comme le souligne le Dr Henri Mainguy (1995), autre chirurgien-dentiste déporté. Enfin, le Dr Stroweis (1973) précise : « Les interrogatoires menés avec une extrême brutalité, ont été la cause de nombreuses dents cassées, lèvres traumatisées, ulcérations labiales, jugales et linguales, fractures des maxillaires, luxation de l’articulation temporo-mandibulaire, etc. » La Gestapo parisienne n’a pas hésité à se servir des locaux de l’Ecole dentaire de Paris pour mener ses interrogatoires, locaux qui ont servi également, après la guerre, lors de l’épuration.


Dentistes de la Résistance en cabinet

Un cabinet dentaire (ou médical) est un lieu propice aux échanges d’informations, de par les gens qui y vont et viennent. C’est un flot permanent de renseignements qui peut ainsi y être véhiculé. C’est pourquoi les médecins et les dentistes ont participé activement aux différents réseaux de résistance. Beaucoup d’entre eux ont été capturés, peu en sont revenus. Mais, leur fonction de façade leur a aussi servi à délivrer des soins à leurs camarades de combat.

Le Dr René Maheu obtient son D.D.S. (Doctor of Dental Surgery) en 1930, à Philadelphie aux U.S.A. De par ce diplôme, il est automatiquement fiché par les Américains. Il est démobilisé en juillet 1940 et rentre à Tours où il reprend son exercice. Très vite, il est excédé de voir les Allemands en conquérants dans son pays. Il vend son cabinet et revient chez ses parents à Rennes. Il part installer son nouveau cabinet en Ille-et-Vilaine, à la Guerche de Bretagne. En juillet 1943, un lieutenant de l’armée américaine le contacte et lui demande de diriger un réseau de résistance. Il accepte. Il vient d’entrer dans un réseau affilié au réseau Sacristan, lui-même appartenant au réseau Buckmaster. Il a pour mission de rechercher des terrains de parachutages auxquels il participe, d’entreposer et de cacher ce qui y est envoyé, de rechercher des maisons isolées pour abriter des soldats parachutés le jour J, de recruter des jeunes susceptibles de combattre qu’ils soignent aussi, de constituer des stocks de vivres pour ces soldats et de recueillir des renseignements sur l’emplacement et l’importance des effectifs ennemis. Une perquisition des agents de la Gestapo est faite à son cabinet dentaire de La Guerche. Celle-ci ne donne rien. Les informations qu’ils cherchent sont dissimulées dans les produits dentaires de son cabinet. Il est arrêté par la Gestapo de Rennes, le 27 décembre 1943 et renvoyé devant celle d’Angers. C’est son radio qui le dénonce sous la torture. Il est déporté du 27 janvier 1944 au 1er mai 1945. Il survit à sa déportation.



Histoire de la médecine - Le Dr René Maheu, lors de sa remise de diplôme de D.D.S. (Doctor of Dental)
Le Dr René Maheu, lors de sa remise de diplôme de D.D.S. (Doctor of Dental Surgery) à Philadelphie, U.S.A., en 1930 (Maheu, 1999).


Georges Paulin s’engage dans la Résistance, le 18 juin 1940, sans avoir entendu l’appel du général de Gaulle. En 1940, en zone non occupée, il rencontre Walter Sleator, un agent du MI6 ou Secret Intelligence Service. Sleator dirigera le réseau depuis Madrid et fournira le premier poste émetteur en relation avec Londres (Paulin, 2006). Paulin incorpore le réseau Phill. Il comporte 14 personnes dont plusieurs franchissent régulièrement, en fraude, la zone interdite et relèvent les plans, les équipements, les effectifs des bases aériennes de la Luftwaffe. Toutes les données sont transmises à Londres guidant ainsi les interventions de la chasse et des bombardiers britanniques. Ce réseau est composé d’hommes et de femmes qui n’ont aucun secours à attendre sur place, qui exécutent leurs missions en dépensant leur propre argent. Ce n’est que vers la fin de 1941 qu’ils reçoivent pour la première fois des fonds venus d’Angleterre (Paulin, 2006). Pour couvrir leurs activités d’espionnage, Georges Paulin et ses compagnons exercent, fictivement ou à mi-temps, une activité professionnelle. Ainsi, Georges, qui a été dentiste, entre en novembre 1940, au service de Durren-Berger, un dentiste français d’origine alsacienne qui parle couramment l’allemand et qui soigne des membres de l’Ambassade d’Allemagne déjà bien avant la guerre. Ce cabinet a maintenant une clientèle allemande exceptionnelle : l’ambassadeur Otto Abetz, le Ministre Schleier, le Ministre Rode, le général von Stülpnagel commandant les troupes allemandes en France, Hermann Brandl dit Otto le chef de l’Abwehr en France, Daniel Dubois le n°1 français de la Gestapo à Paris, le capitaine Otto Rahn envoyé de Himmler, les consuls Quiring et Studer,... Les agents du réseau Phill se succèdent dans le cabinet dentaire de Paulin qui les soigne. C’est dans une statue creuse du cabinet de Georges que sont déposées les informations. Les Allemands n’ont jamais rien vu (Paulin, 2006). Sur dénonciation d’un « ami » suisse allemand, ils sont arrêtés sur ordre d’Otto et de Radecke de l’Abwehr au mois de novembre 1941. C’est Lafont, le chef de la Gestapo française de la rue Lauriston, et trois de ses acolytes qui se chargent de cette mission. Duren-Berger, terrorisé, livre toutes les fiches dentaires des membres du réseau Phill qui sont tous arrêtés. Ils sont jugés à Paris, le 20 mars 1942 et condamnés à mort. Pendant 4 mois, ils sont torturés et vivent une lente agonie. Aucun d’entre eux ne parle et les autres membres du réseau n’ont jamais été inquiétés. Paulin doit être plâtré au cou et au torse pour être attaché au poteau d’exécution. Ils sont fusillés au Mont Valérien (Paulin, 2006).


Histoire de la médecine - Georges Paulin (1902-1942) (Paulin, 2008).

Georges Paulin (1902-1942) (Paulin, 2008).


Dentistes dans les maquis

Le service de santé au Mont-Mouchet est créé au début du mois de mai 1944. Il a pour vocation de soigner les blessés des actions militaires engagées contre les occupants allemands. Placé sous l’autorité de Max Menut, il est composé d’une équipe de médecins, d’infirmiers et d’aides-soignants. Des pansements et toutes sortes de chirurgies y sont assurés. Charles Bérénholc, alors étudiant en dentaire, en fait partie. Ce maquis organisé comme un véritable corps d’armée voit flotter aux vents, le drapeau tricolore. Etendu sur une trentaine de kilomètres de diamètre, les principaux responsables de la région 6 de la Résistance française s'y trouvent. Dans les compagnies ou bataillons, des petites structures médicales correspondent régulièrement avec l’organisation centrale (Bérénholc, 1994). 
Ce service de santé est composé principalement de : Max Menut qui en est le commandant, Georges Canguilhem, Paul Reiss, Pierre Nugou, pharmacien à Aurillac, Roger Guignard, Marcel Chomard, Fernand Lafaye, Anne-Marie Menut, Laurette Meyer, Jean Simon, Daneel, Charles Bérénholc, Louis Mallet et Henry Ingrand. C’est là que Charles Bérénholc a rencontré notamment Paul Malassagne, tous deux (futur) dentistes (Bérénholc, 1994). Les soins sont délivrés dans une grande rigueur médicale, sous des tentes faites de parachutes. Les grands blessés sont mis sur des brancards (Bérénholc, 1994). Si le rôle des deux dentistes est de faire des pansements et d’assister les chirurgiens, il est aussi de solutionner les divers problèmes dentaires de leurs camarades avec les moyens du bord. Bien souvent, leur arsenal thérapeutique s’est résumé à des extractions réalisées avec un davier et un peu d’anesthésiant, quand il y en avait, l’essentiel des stocks étant dévolu aux chirurgies.

Mais, si ce maquis d’envergure disposait d’un service médical, de nombreux autres, en revanche, n’étaient pas pourvu. Aussi, lorsque le résistant souffrait, soit il endurait son mal sans qu’aucun traitement ne lui soit donné, ce qui était dangereux, car un homme qui souffre devient un danger pour une mission, par manque de lucidité au combat, soit il allait dans une ville voisine consulter un praticien civil, avec le risque que celui-ci le dénonce ou soit un camarade non dentiste muni d’une pince pouvait traiter le problème radicalement, et définitivement.


Après la guerre…

Face à l’ampleur du nombre de victimes de guerre, l’Etat français a été contraint d’avoir recours à des réformes de ses modes de cotisations. De celles-ci, est née la Sécurité Sociale.

Dans les services de stomatologie, dans les cliniques ou hôpitaux, le Dr J. Billet (1995), stomatologue au C.H.U. de Nantes, s’est rappelé que les soins étaient délivrés sans distinction de personnes. Ils étaient souvent adressés par des chirurgiens-dentistes de la ville, mais il n’y avait aucune infrastructure spécifique. En attendant, son père, M. R. Billet (1995), chirurgien-dentiste à Nantes, voyait sa salle d’attente pleine en permanence. En effet, le parcours dentaire des rescapés a été jalonné de nombreuses extractions, de soins de caries multiples, de prothèses mobiles, de couronnes et de bridges de plus ou moins grande étendue.

Pensions pour les victimes de guerre

- Décret n° 53-438 du 16 mai 1953 déterminant les règles et barèmes pour la classification et l’évaluation des invalidités résultant des infirmités et maladies contractées pendant l’internement ou la déportation (J.O. du 17 mai 1953, p. 4467).

« Deux faits donnent la détermination du droit à pension des internés et déportés :

  • Le 1er est l’impossibilité où ils se trouvent de faire la preuve légale de l’origine exacte des infirmités dont ils sont atteints.

  • Le 2ème est l’existence du syndrome de la misère physiologique chronique progressive des camps (traumatismes, carences,…) accompagné d’un vieillissement hâtif de l’organisme plus ou moins réversible, dont ont souffert tous les déportés sans exception. »

- Décret n° 74-1198 du 31 décembre 1974, complétant le décret n° 53-438 du 16 mai 1953.

« Affections carentielles : est imputable par preuve l’édenture partielle ou totale à condition qu’elle soit reconnue comme d’origine carentielle et constatée dans les 10 ans suivant la libération ou le rapatriement. »

Aujourd’hui, ce délai n’est plus exigé pour la reconnaissance de l’imputabilité à la déportation.

Dans les cas litigieux, une commission spéciale consultative, la C.N.R.S.D.I.R.P. (Commission Nationale de Réforme Spéciale des Déportés, Internés, Résistants et Politiques) peut exprimer un avis sur les conditions d’imputabilité. Elle peut être saisie soit par l’administration, soit par l’intéressé s’il n’est pas d’accord avec la décision du ministère des Anciens combattants et des victimes de guerre. Elle siège à Paris pour les déportés et internés, résistants ou politiques. Pour les autres catégories, la décision est prise au niveau des Centres de réformes des directions interdépartementales. La pension n’est jamais refusée pour édenture et est presque reconnue à 100 %. Ces cas touchent d’autres affections et sont plus relatifs à l’indemnisation.

- Loi du 9 août 1948 : « Un déporté politique bénéficie de la présomption d’origine sans condition de délai. »

De faux bien-portants ont été remis dans le circuit de la vie quotidienne et ont fait provisoirement illusion par leur reprise de poids et leur activité fébrile (Obadia, 1975). Personne, à l’époque, n’aurait pu se douter de l’existence d’une phase de latence qui a séparé le rapatriement de l’apparition des premiers troubles. Il a fallu plusieurs années pour que les pouvoirs publics s’émeuvent en comprenant la réalité du « Syndrome post-concentrationnaire » et pour que des textes soient votés afin de garantir l’avenir incertain des survivants.

Parmi ceux-ci, la loi du 9 août 1948 (Article L179 du Code des pensions militaires d’invalidité) connue sous le nom de « Loi Lambert » fait apparaître la notion de « présomption d’origine  sans condition de délai ».

Depuis cette loi, toute affection survenant chez un déporté est présumée avoir été contractée durant la déportation et donc, imputable à cette dernière en l’absence de toute preuve contraire et ceci, sans aucune limitation de délai d’apparition de l’affection.

- Article L4 (loi du 9 septembre 1941) du Code des pensions militaires d’invalidité (Rénié, 1996).

« Les pensions sont établies en fonction du degré d’invalidité. Sont prises en considération les infirmités entraînant une invalidité égale ou supérieure à 10 % »

Il est concédé une pension :

  • au titre des infirmités résultant de blessures si le degré d’invalidité qu’elles entraînent atteint ou dépasse 10 %.

  • au titre d’infirmités résultant de maladies associées à des infirmités conséquentes à des blessures si le degré total d’invalidité atteint ou dépasse 30 %.

Un déporté fait sa demande de pension. Un expert estime en fonction du barème, le pourcentage d’invalidité qu’il juge approprié après examen de la personne.

Après contrôle du compte-rendu de l’expert par le Centre de Réforme Pension de la Direction Interdépartementale du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de rattachement, la proposition de pension est adressée au service liquidateur du Ministère du Budget et des Finances lequel concède ou non la pension.

Obadia (1975, p. 71) affirme que les victimes de guerre bénéficiaires de l’Article L115 du Code des Pensions militaires d’Invalidité et Victimes de Guerre recevaient des soins médicaux gratuits. Ceci était valable au 23.4.1976. Qu’en est-il aujourd’hui ? Je n’en sais rien.


Les Drs Ségelle et Ellentogen ont étudié 2 300 dossiers de déportés (1 716 hommes et 584 femmes) à partir desquels ils ont établi des pourcentages sur le nombre d’invalidités constatées, sur les taux indemnisables et sur le nombre des déportés, en rapport avec la sphère dentaire (Obadia, 1975, pp. 69-70).

Sur 2 300 déportés et internés examinés, 131, soit 5,7 %, sont atteints d’affections dentaires. Le taux d’invalidité accordé par les experts est de :

- 10 % d’invalidité : 80 déportés examinés

- 15 % d’invalidité : 17 déportés examinés

- 20 % d’invalidité : 30 déportés examinés

- 25 % d’invalidité : 1 déporté examiné

- 40 % d’invalidité : 2 déportés examinés

- 60 % d’invalidité : 1 déporté examiné

Une minorité de déportés examinés a réclamé une expertise pour affection dentaire, l’imputabilité à la déportation de la perte des dents et de la carie post-carentielle étant jusqu’alors, systématiquement rejetée par les commissions de réformes locales. Grâce à la courtoisie du Dr Touboul, Médecin chef du Centre de réforme des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Dijon, Obadia a eu accès directement aux dossiers des déportés. Après que le Dr Touboul ait insisté sur l’importance de la Loi Lambert, il a constaté les faits suivants : « Chaque déporté est pensionné pour un certain nombre d’infirmités. Certaines portent la mention « Origine par preuve » tandis que d’autres affichent « Origine par présomption ». Quelle que soit l’origine de l’infirmité, elle donne lieu à un degré d’invalidité et donc, à une pension. Dans tous les dossiers consultés, les termes « édenture » ou « mauvaise dentition » reviennent constamment et les taux d’invalidité relevés varient entre 10 % et 40 %. Dans la plupart des cas, l’invalidité concernant les dents porte la mention « Origine par présomption ». Enfin, le coefficient dentaire des déportés diminuant de plus en plus avec l’âge, la perte des dents en 1975 est encore imputable à la déportation » et elle l’était toujours en 1999.


Une pension est un droit à réparation dû aux déportés au vu de la misère et des malheurs qu’ils ont pu rencontrer. Une pension donnée à un déporté est acquise à vie et peut être revue à la hausse. Elle est définitive au bout de 3 ans (Rénié, 1996).

Par contre, les internés (dans les camps ou prisons françaises) doivent apporter la preuve de leur maladie qui a pu être traitée lors de leur internement par un médecin co-interné (constat) et faire la preuve aussi d’un traitement suivi de cette maladie de l’internement au jour de la demande de pension. C’est la filiation médicale de soins (Article 180 de l’ordonnance du 3 mars 1945).

Brièvement, la commission de la C.N.R.S.D.I.R.P. est composée du :

  • Directeur des pensions du secrétariat d’Etat ou son suppléant

  • Président de la commission consultative médicale ou son suppléant

  • Président de la commission de réforme spéciale des déportés et internés ou son suppléant

  • Médecin ancien prisonnier de guerre, désigné par le Secrétaire d’Etat

  • Médecin ancien interné désigné par le Secrétaire d’Etat

Ces deux derniers sont choisis à partir des listes d’associations concernées.

Cette commission prend connaissance de tous les documents ou témoignages portant sur les conditions de la captivité, de l’internement ou de la déportation présentés par l’intéressé ou par un représentant en son nom.

D’après le Dr Billet (1995), stomatologue ancien expert pour les demandes de pensions à la Direction Interdépartementale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre des Pays de la Loire, une pension est systématiquement accordée pour les déportés si la demande est faite n’importe quand dans leur vie à leur retour en France. Sauf si bien sûr, la preuve du contraire est apportée (Exemple : si un accident était responsable d’édenture longtemps après leur retour).

Dans les autres pays, des aménagements spécifiques ont été également effectués. Pour le Dr Zobel (1954), « En Autriche, la loi d’assistance aux victimes ne prévoit qu’un remboursement minime des traitements conservateurs ou des prothèses dentaires. Bien que cette loi soit assez vague, les décisions prises le sont généralement en faveur du requérant. »


Références bibliographiques :

Bérénholc Charles, « Le service de santé de l’état-major des maquis d’Auvergne : un épisode des combats de Margueride-Truyère », in Revue de la Haute-Auvergne, avril-septembre 1994, pp. 241-249.
Billet J. & R., communication personnelle, Nantes, 1995.

Dumont Jean, Histoire secrète de la Gestapo, Crémille (éd.), Genève, tome 4, 1971.

Le Caër Paul, Pathologie buccale et dentaire pendant la Résistance, l’Internement et la Déportation, Deauville, 1972, pp. 1-4, communication personnelle, 1995.

Maheu Alain, manuscrit inédit de son père, le Dr René Maheu, communication personnelle, Saint Malo, 1999 et 2003.

Mainguy Henri, communication personnelle, Saint-Mars-la-Jaille, 1995.

Obadia Yves, Pratique dentaire dans les camps de concentration, Thèse Doct. Chir. Dent., Lyon, 1975.

Paulin Jérôme & Paulin Michel, « Le combattant de la liberté », in http://www.georgespaulin-lesite.com, 2006.

Paulin Michel-Georges, communication personnelle, 2008.

Rénié G., communication personnelle, Nantes, 1996.

Documents tirés du Guide barème des invalidités (critères, décrets, modes de calcul) du ministère des Anciens combattants, de statistiques semestrielles touchant seulement les Pays de la Loire, datées du mercredi 31 janvier 1996 et d’extraits du Code de pensions militaires d’invalidité.

Stroweis Henri, Pathologie bucco-dentaire dans les camps de concentration allemands, 1944-1945, Thèse Doct. Chir. Dent., Paris, 1973.

Zobel J., Stomatologie des anciens Déportés, Conférence médico-sociale Internationale sur la pathologie des anciens Déportés et Internés, Archives de la Fédération Internationale de la Résistance (F.I.R.), Copenhague, 1954, n°184B, tome II, j27 à j29.


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