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Prix Georges Villain d'histoire de l'art dentaire

Brève histoire du service dentaire américain pendant la Première Guerre mondiale

Par
Xavier Riaud

Aux U.SA., le 11 février 1901, le Dr John Sayre Marshall devient officier supérieur et est le premier dentiste sous contrat. La même année, suite à un décret du Parlement, 30 postes sont créés. Mais, c’est le 3 mars 1911 qu’est officiellement établi le corps dentaire de l’armée américaine. Le 22 août 1912, un service similaire est institué dans la Marine.

En France, dès les quinze premiers jours des hostilités, l’Ambulance américaine de l’Hôpital militaire américain de Paris, dirigée par Georges B. Hayes et W. S. Davenport, assure les soins de 150 blessés.
4 000 officiers dentaires sont appelés sous les drapeaux dès le début de la guerre. Aucun d’entre eux n’a reçu le moindre entraînement requis à cet effet. Toutefois, certains d’entre eux bénéficient de la formation délivrée par la Ligue de préparation des dentistes américains formée en mars 1916. L’objectif original de cette association est de délivrer des soins gratuits aux hommes qui veulent s’engager dans l’armée. Environ 1 700 dentistes civils sous l’égide de cette ligue ont réalisé près de 1 million de soins sans aucun coût pour leurs patients durant cette guerre. Cette ligue gère également des groupes d’études destinés aux dentistes qui veulent s’enrôler. Des écoles dentaires sont sélectionnées et réquisitionnées par le gouvernement fédéral pour former ces dentistes. Ceux-ci constituent le Corps d’entraînement des étudiants de l’armée. Ces écoles sont l’Université de Washington à Saint Louis, l’Université du Nord-Ouest à Chicago et l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie. Le gouvernement paie pour chacun des étudiants qui, une fois diplômé, entre dans l’armée. Outre une formation dentaire sévère, les futurs dentistes reçoivent aussi un entraînement militaire de premier ordre.
Le 3 juin 1916, le Congrès vote l’Acte de Défense Nationale qui modifie le Corps dentaire notamment. Le système de contrat probatoire est aboli. Les dentistes intègrent l’armée au rang de lieutenant. Ils peuvent passer capitaine après 8 années et major au bout de 24 ans d’active. La création d’un Corps dentaire de réserve est également approuvée. 

Après que la guerre ait été déclarée le 6 avril 1917, le premier contingent dentaire américain arrive en France le 20 août 1917. C’est le capitaine Robert T. Oliver qui en a la charge. 13 dentistes du corps de réserve ont rejoint le service hospitalier de l’armée et ont été prêtés aux services anglais. 26 ont été envoyés en tant que service de régulière. Les équipements français et anglais se faisant rares, la majeure partie du matériel et des fournitures a été convoyée par bateaux depuis les Etats-Unis. 35 officiers dentaires de la Marine servent sous les drapeaux au commencement de ce conflit. Ils sont 500 à la fin.

Le 6 octobre 1917, une loi est promulguée qui établit le même rang, le même salaire, les mêmes promotions et les mêmes droits à la retraite aux dentistes qu’aux médecins. Un lieutenant ne peut passer capitaine que s’il passe un examen ordonné par le Ministère de la Guerre. Cette loi prévoit un officier dentaire pour 1 000 hommes servant sous les drapeaux. 

Pour les troupes se rendant en Europe, un service dentaire n’est organisé sur les navires qu’après la guerre, en 1919.

Le 30 novembre 1918, le nombre de dentistes d’active s’élève à 4 620, dont 1 864 stationnés en Europe. 
De juillet 1917 à mai 1919, 1 396 957 soldats des forces expéditionnaires américaines sont traités de différentes manières. 1 505 424 obturations, 384 427 extractions, 60 387 couronnes et 13 140 appareils dentaires sont effectués. Sept officiers dentaires et sept assistants sont tués aux combats. Huit praticiens meurent de maladies et 36 d’entre eux sont blessés. En 1920, les dentistes américains sont présents en Angleterre, en France, en Belgique, en Allemagne, en Russie et en Pologne.

Au commencement, les dentistes ont reçu comme consignes de ne remplacer que les dents perdues sur le front. En mars 1918, elles sont remplacées peu importe la cause de leur perte. 

Le matériel de réalisation des prothèses dentaires est fourni essentiellement par les hôpitaux d’évacuation ou ceux figurant dans les camps de base. Les soldats devant être appareillés retournent en zone arrière pour être traités, ce qui a très vite impliqué des démarches multiples,- jusqu’à des destructions volontaires d’anciens appareils -, des combattants pour quitter le front afin de recevoir des prothèses qui n’étaient pas toujours essentielles. La nécessité d’équiper les unités situées sur les lignes avant, s’est donc très vite fait ressentir.

Convaincus qu’il est très difficile d’avoir des résultats esthétiques fiables sur le champ de bataille, les dentistes ont regretté ouvertement de voir les soldats refaire les soins dentaires qui avaient été effectués en Europe, une fois revenus à la vie civile, parce qu’ils étaient insatisfaits ou souffraient d’avoir pu être dévisagés par les traitements mis en place dans l’urgence avec des moyens très limités. Ainsi, la réputation de précipitation de ces praticiens n’était plus à faire. 

A la fin de la guerre, toutes les archives médicales sont collectées afin d’identifier les soldats défigurés morts aux champs d’honneur. 


Références bibliographiques:

Glenner Richard, Davis Audrey & Burns Stanley, The American dentist, Pictorial Histories Publishing Company, Missoula, Montana, U.S.A., 1990.

King John, Highlights in the History of the U.S. Army Dentistry, Office du directeur de l’U.S. Army Dental Corps, Virginie, 2002.

Zimmer Marguerite, « Petite Histoire de l’Art Dentaire: des origines à nos jours - De 1910 à 1920 », in Actes de la Société française d’histoire de l’art dentaire, sans date.


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