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Pierre François Percy (1754-1825)

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Pierre François Percy (1754-1825), Chirurgien en chef de la Grande Armée

 

 

Par Xavier Riaud

Histoire de la médecine - Pierre François Percy, (Corlieu, 1896) - Article de Xavier Riaud

Pierre François Percy, (Corlieu, 1896)

 

« Allez où la Patrie et l’Humanité vous appellent. Soyez y toujours prêts à servir l’une et l’autre et s’il le faut imiter ceux de vos généreux compagnons qui, au même poste, sont morts martyrs de ce dévouement intrépide et magnanime qui est le véritable acte de Foi des hommes notre Etat. » Tels sont les propos que le baron Percy, alors chirurgien en chef de la Grande Armée, a tenu aux chirurgiens sous-aides en 1811 (Percy, 1904 & 2002).

 

Pierre François Percy est né à Montagney, le 28 octobre 1754. De père médecin, c’est tout naturellement qu’il s’oriente vers des études de médecine qu’il entame à Besançon (Meylemans R., 2010). Il obtient son doctorat en 1775. Arrivé à Paris en 1776, il y fait son service militaire. Ayant acquis son brevet de chirurgien, il occupe très vite la fonction de chirurgien major du régiment de Berri-Cavalerie en 1782. Il est élu également membre de l’Académie de Chirurgie. Il occupe peu de temps la place peu enviée à l’époque, au vu du turn-over de rigueur, de chirurgien en chef des armées révolutionnaires (Gourdol, 2010).

Il est établi au rang d’officier de santé en chef de l’hôpital d’instruction militaire du Val-de-Grâce. Dans le même temps, il est nommé chirurgien en chef des armées de Moselle, de Sambre-et-Meuse et du Rhin que le général Moreau commande. Au cours de son service, il y met en place un corps de chirurgiens militaires chargés de récupérer et de soulager les soldats blessés au cœur des combats. Il se bat aussi pour faire approuver la convention des généraux Stair – Nouailles signée en 1743, par les commandants de ces armées afin d’obtenir des garanties certaines de protection des hôpitaux des armées. C’est dans cette période mouvementée qu’il imagine un service de santé autonome, neutre et respecté dans sa neutralité par les Etats. Visionnaire avant l’heure, l’idée sera reprise par Henri Dunant bien des années plus tard (Ducoulombier, 2004).

En 1796, Pierre François obtient la chaire de professeur à l’Ecole de Médecine de Paris qui vient d’ouvrir ses portes. Il renonce à ce titre au profit d’un autre, estimant toute sa carrière durant qu’il n’avait pas la fibre enseignante (Percy, 1904 & 2002).

Avec l’institution du Consulat, le nombre des hôpitaux se trouve diminué ainsi que le personnel soignant, les salaires et les prérogatives accompagnant les fonctions médicales instaurées lors de l’établissement de la nouvelle République. Percy monte en ligne et fait feu de tout bois, criant à l’infamie. En 1803, au moment où est envisagé un débarquement en Angleterre, il rejoint Boulogne pour participer aux préparatifs. Il est alors promu Inspecteur du Service de Conseil de Santé et est Chirurgien en chef de la Grande Armée. Il participera à toutes les campagnes militaires de l’Empire (Ducoulombier, 2004).

A l’instar de Dominique Larrey qui invente l’Ambulance volante en 1797, pendant la campagne d’Italie, Percy ne veut pas être en reste et met au point ce qui est vite appelé le Würst en 1799. C’est un corps mobile de chirurgiens susceptibles d’intervenir directement au front, malgré les coups de feu de l’adversaire, pour apporter une aide aux blessés dans les plus brefs délais. Mais, leur transport nécessite des chevaux qui ne sont pas accordés par l’administration. Changeant son fusil d’épaule, l’éminent chirurgien innove en suggérant l’établissement d’un corps de chirurgiens des armées, d’une compagnie d’infirmiers et de bataillons d’ambulances. Si le principe est admis et instauré, le corps d’infirmiers ne voit le jour qu’en 1809 ( Gourdol, 2010).

En 1813, associé à Larrey, Percy crée un corps de brancardiers militaires missionnés pour ramener les blessés du champ de bataille. Au lendemain de la déclaration de l’Empire, avec Desgenettes et Larrey, il est fait officier de la Légion d’honneur ( Dupont, 1999).

Présent à Austerlitz (1805), à Iéna (1806), à Eylau (1807), à Friedland (1807) et en Espagne (1808-1809), il est de tous les combats et s’efforce d’améliorer le sort des chirurgiens opérant dans des conditions de précarité qu’il estime indigne de la médecine et des blessés opérés dans une insalubrité difficilement imaginable. Son dévouement, son abnégation au service des autres lui valent d’être nommé commandeur de la Légion d’honneur et baron de l’Empire après Wagram en 1809 (Ducoulombier, 2004).

Il invente un carquois chirurgical porté en bandoulière par les chirurgiens. Il permettait à ceux-ci de se déplacer rapidement au plus proche des lignes ennemies pour opérer en urgence et éviter ainsi la gangrène autant que faire se peut. Cette « enveloppe » portative contenait au minimum une scie et deux couteaux, mais pouvait recevoir jusqu’à 11 instruments. Pourtant, Percy est conservateur. Le spectacle des membres amputés le répugnait. Malgré cela, il effectue la première désarticulation de l’épaule après résection de la tête humérale et crée le tire-balles ( Gourdol, 2010). En 1807, le médecin est élu membre de l’Institut et entre à l’Académie des Sciences qu’il préside en 1821, où il siège jusqu’à sa mort ( http://cths.fr, 2010).

Après Wagram, atteint de cécité oculaire, la limite d’âge étant atteinte, il ne suit plus la Grande Armée et donne sa démission. Il décide de se focaliser sur l’enseignement à la Faculté de Médecine de Paris. Pourtant, ayant retrouvé une seconde jeunesse, il la rejoint en 1814, pour défendre le sol de sa Patrie. Son action est salutaire puisqu’il transforme les abattoirs de Paris en hôpital, ce qui permet à 12 000 blessés russes et prussiens de guérir (Percy, 1904 & 2002).

Au retour de l’Empereur de l’île d’Elbe, il gagne la Chambre des Représentants. En 1815, à l’avènement de la monarchie, il est mis à la retraite. Toutefois, une ordonnance royale du 27 décembre 1820 le fait nommer membre honoraire de la section de chirurgie de l’Académie de Médecine. Il siège aussi à l’Académie de Chirurgie. De plus, son imagination bouillonnante lui fait créer les fils de suture métallique en 1820 (Gourdol, 2010).

Il termine sa vie en se consacrant à la culture de son jardin. Il meurt à Paris, le 18 février 1825. Il est enterré au Père Lachaise, dans la 18 ème division, 1 ère ligne, U, 23 (http://www.appl-lachaise.net, 2005). Sur sa pierre tombale, l’épitaphe suivante apparaît : « Il fut le père des chirurgiens militaires. »

Son nom est gravé sur la 10 ème colonne (pilier nord) de l’Arc de Triomphe de l’Etoile et est porté par l’hôpital d’instruction des armées Percy situé à Clamart, près de Paris (Bouchon L. A. & Grau D., 2008-2010).

Ses rapports avec Napoléon étaient cordiaux et marqués d’un grand respect, d’une confiance non feinte et d’une franchise véritable. L’Empereur tenait son chirurgien en très haute estime et prenait pour argent comptant ses remarques quant aux soins délivrés aux blessés et la situation dans laquelle ceux-ci étaient délivrés (Ducoulombier, 2004).

 

Publications  :

Mémoire sur les ciseaux à incision, couronné par l'Académie royale de Chirurgie, en 1785. Paris, 1780.

Mémoire sur l'extraction des corps étrangers, couronné par l'Académie royale de Chirurgie, en 1787 imprimé plus tard sous le titre de Manuel du chirurgien d'armée, la seconde édition étant de 1830.

Pyrotechnie chirurgicale-pratique, ou l'art d'appliquer le feu en chirurgie, couronné par l'Académie royale de Chirurgie, en 1792, imprimé en 1811.

Réponses du citoyen Percy aux questions épuratoires qui lui ont été proposées par la Commission de Santé séante à Paris; Metz, 1795.

Mémoire sur les hydatides utérines et sur le part hydatique, lu à l'une des dernières séances publiques de l'Académie royale de Chirurgie, imprimé en 1811.

Notice sur les autels et les tombeaux des anciens peuples du nord de l'Europe, Paris, 1811.

Mémoire sur des espèces d'amphores, dites tenajat, usitées de tout temps en Espagne, Paris, 1811.

Mémoire sur les vases réfrigérants appelés en Espagne Alcarazas, Bucaros ou Catimploras , Paris (Magasin encyclopédique), 1812.

Mémoire sur l'ancienneté, l'origine et le fondement de la tradition qui a fait regarder comme mortelles les blessures aux aines , Paris, 1812.

Eloge historique de Sabatier , Paris, 1812.

Eloge historique d' A nuce Foës , Paris, 1812.

Mémoire sur cette question : « Les anciens avaient-ils des établissements publics en faveur des indigents, des enfants orphelins ou abandonnés, « des malades ou des militaires blessés et, s'ils n'en avaient point, qu'est-ce «qui en tenait lieu? » par MM. Percy et Willaume, couronné par la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Maçon, en 1812, Paris, 1813.

Despotats ou Brancandiers , par M. Percy (article extrait du Dictionnaire des Sciences médicales, tome VIII), Paris, 1814.

Ajoutez ici un grand nombre d'articles sur presque tous les points, soit de la chirurgie proprement dite, soit de la chirurgie militaire, articles qui ont été insérés dans les divers tomes de ce même Dictionnaire des Sciences médicales (Sans auteur, 1835).

 

Autres écrits (Sans auteur, 1835) :

Mémoire sur cette question : « Quelles sont les différentes constructions « des bistouris, et les raisons de leur variété, suivant les cas particuliers « Où il convient d'en faire usage? De quelles corrections ou perfections ils « seraient susceptibles, et quelle est la méthode de s'en servir? », couronné par l'Académie royale de Chirurgie, en 1786.

Bons effets du quinquina contre les bubons vénériens , adressé à la Société royale de Médecine, le 29 février 1780.

Ravages inouïs d'un coryza négligé, 1780.

Topographie de Béthune, 1782.

Observations sur les tumeurs enkystées , adressées à l'Académie royale de Chirurgie, en 1786.

Moyen simple et très-avantageux dans la thérapeutique de la gonorrhée virulente , 1784.

Mémoire sur l'allaitement artificiel des enfants nouveau-nés , couronné par la Société royale de Médecine, le 1 er septembre 1789.

Observations sur le gorgeret fistulaire , adressées au Directoire des hôpitaux, en 1789.

Observations sur une opération de taille laborieuse et faite en deux temps, adressées à l'Académie royale de Chirurgie en 1789.

Mémoire sur cette question, proposée par L’Académie royale de Chirurgie: «Déterminer la meilleure forme des diverses espèces d'aiguilles propres « à la réunion des plaies, à la ligature des vaisseaux, etc. », 1790.

Observations zootorniques et pathologiques, relatives a la ligature des gros vaisseaux, spécialement dans l'anévrisme.

Mémoire sur la possibilité de réunir un nez, une oreille, ou un doigt, qui auraient été totalement séparés du corps, 1815.

Sur le méricisme ou rumination humaine, 1818.

Sur la perte du nez et ses réparations, 1819.

Sur la lueur phosphorescente qui se montre dans certaines plaies, 1819.

Notice biographique sur Copernic, 1824.

 

A cela, doit s’ajouter son Journal des campagnes du baron Percy, paru chez Plon-Nourrit (éd.), à Paris, en 1904. Mais aussi, une Physiologie de la culotte, de la piquette et de la perruque, 1812-1822 (Sans auteur, 1835).

Références bibliographiques  :

Bouchon L. A. & Grau D., « Pierre-François Percy (1754-1825), commandeur de la Légion d’honneur, baron de l’Empire », in http://www.napoleon-empire.net, 2008-2010, pp. 1-4.

Corlieu Auguste, Centenaire de la Faculté de Médecine de Paris (1794-1894), Alcan – Baillère – Doin – Masson (éd.), Paris, 1896.

Ducoulombier Henri, Le baron Pierre-François Percy, chirurgien de la Grande Armée, Librairie Historique Teissèdre, Paris, 2004.

Dupont Michel, Dictionnaire historique des Médecins dans et hors de la Médecine, Larousse (éd.), Paris, 1999.

Gourdol Jean-Yves, «  Baron Pierre-François Percy (1754-1825), chirurgien militaire français », inhttp://www.medarus.org , 2010, pp. 1-8.

http://cths.fr, « Percy Pierre François, baron », in Sociétés savantes de France, 2010, p. 1.

http://www.appl-lachaise.net, Percy Pierre François, baron, (1754-1825), 2005, pp. 1-2.

Meylemans R., « Les maladies de l’Empire », in Ambulance 1809 de la Garde impériale, http://ambulance1809-gardeimperiale.ibelgique.com, 2010, pp. 1-6.

Percy Pierre François, Journal des campagnes du baron Percy, Plon-Nourrit (éd.), Paris, 1904.

Percy Pierre François, Journal des campagnes du baron Percy, Tallandier (éd.), Collection Bibliothèque napoléonienne, Paris, 2002.

Sans auteur, Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de l’Institut de France, Imprimerie Firmin Didot Frères, Paris, 1835.

 

 

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