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Les médecins de Napoléon à Sainte-Hélène

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Les médecins de Napoléon à Sainte-Hélène ( 1 ère partie )

 

 

Par Xavier Riaud

Dr Louis Foureau de Beauregard (1774-1848)

Louis Foureau de Beauregard peint par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) - Article Xavier Riaud

Ce médecin devient le premier médecin de Napoléon à l’île d’Elbe. Nommé par Corvisart, il est très apprécié par l’Empereur. Il continue d’officier auprès de lui pendant les Cent-Jours. Il ne l’accompagne pas après sa deuxième abdication, mais exprime le souhait de le rejoindre à la fin de sa législature en tant que député élu. En 1818, les Anglais demandent à la famille de Napoléon de lui trouver un médecin. Foureau de Beauregard, informé par Las Cases, exprime le souhait de rejoindre son illustre patient. Pour cela, il réclame des honoraires annuels s’élevant à 15 000 francs, que sa femme l’accompagne et qu’un domestique lui soit affecté. Avare à l’extrême, le Cardinal Fesch lui préfère Antommarchi qui coûte moins cher (Goldcher, 2010). Le médecin ne reverra plus Napoléon.

Louis Foureau de Beauregard peint 
par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), 
© Musée Bonnat de Bayonne.

 

Dr Louis-Pierre Maingault (1783-1839)

Venu à la médecine par son oncle, le Dr Decelles, Maingault est missionné par Corvisart pour accompagner Napoléon qu’il rencontre à la Malmaison, le 28 juin 1815. Il exerce alors depuis deux ans, rue du Faubourg Saint-Germain à Paris. A Rochefort, il embarque à bord du Bellérophon. Il a obtenu des appointements annuels s’élevant à 12 000 francs. Convaincu qu’il part pour les Amériques, il démissionne lorsqu’il apprend qu’il part sous les tropiques. Sous la pression des britanniques qui craignent de ne pas trouver d’autre médecin et du général Bertrand, il maintient son refus. Il n’aura aucun échange avec son illustre patient. Atteint du mal de mer, il ne quitte pas sa chambre du voyage. Outré, l’Empereur n’accepte pas de le rencontrer et de lui délivrer un certificat. Le 31 juillet, le médecin s’embarque à bord du bateau qui évacue les proches qui ne l’accompagnent pas à Sainte-Hélène. Maingault fait une brillante carrière sous la Restauration et est élu membre de l’Académie Royale de Médecine (Benhamou, 2010).

 

Dr Barry Edward O’Meara (1786-1836)

Il tient le premier ouvrage publié en 1822, témoignage direct d’un proche de Napoléon sur sa captivité. IntituléNapoleon in exile. A voice from St. Helena, ce livre résume ses notes prises à Longwood.

Assistant chirurgien au 62 ème régiment d’infanterie de l’armée anglaise en Egypte et en Sicile, en 1804, renvoyé de celle-ci après s’être battu en duel à Mesina, en 1807, chirurgien naval en 1808 sur le Golliath, le docteur Barry Edward O’Meara (1786-1836) sert sur le H.M.S. Bellérophon lors de la reddition de Napoléon, le 15 juillet 1815 (http://www.pgil-eirdata.org, sans date). Il accompagne ce dernier sur l’île de Sainte Hélène où il sert auprès de lui en tant que chirurgien. Il commence son exercice sur le Bellérophon sur deux proches du prisonnier, alors que Maingault, malade, est demeuré dans sa cabine. Après la démission de ce dernier, Napoléon n’a d’autre choix que de confier cette charge au Dr O’Meara dont il a apprécié les services. Celui-ci est d’origine irlandaise, pas anglaise et parle le français, et l’italien. Maitland, le commandant du Bellérophon, accepte. O’Meara également, mais sous certaines conditions : 

Ses supérieurs doivent approuver son engagement ;

Barry Edward - histoire de la médecine par Xavier Riaud
Barry Edward O’Meara, 
© TDMC
  • Il demeure inscrit sur les tabloïds de la marine anglaise ;
  • Il est rétribué par le gouvernement britannique (Goldcher, 2010).

Tout le monde tombe d’accord. Très vite, le médecin devient un intime de l’Empereur au point de vivre à Longwood. Malheureusement, il joue un double jeu en informant Hudson Lowe de tout ce qui s’y passe. Rapports détaillés des discussions entendues, lettres violant le secret médical et retranscrivant les pathologies développées par le Corse, tout y passe. Aux captifs, il fournit des journaux et une correspondance illicite. Grâce à lui, les contraintes imposées par l’autorité anglaise est régulièrement bafouée et contournée. A partir de 1816, les deux parties comprennent tout de son comportement et se méfient de lui. Lowe ordonne son étroite surveillance et Napoléon, le 6 mai, lui demande franchement de choisir son camp (Benhamou, 2010). De même, il lui impose de lui soumettre les bulletins de santé qu’il doit remettre à Lowe et lui interdit à l’avenir de manquer à son devoir d’honorer le secret médical sous peine d’être renvoyé. Après une longue hésitation et surtout une prime de 6 000 francs offerte par l’Empereur venant arrondir ses émoluments, O’Meara accepte et annonce au Gouverneur qu’il ne lui rendra plus compte.

Constatant les mauvais traitements infligés au Français, le médecin irlandais décide d’en informer la hiérarchie dès mai 1817. Apprenant cela, Hudson Lowe le menace de le congédier. Mais, sa présence est trop importante et Lowe en reste là. Il obtient des informations auprès du Dr Baxter avec lequel O’Meara s’entretient régulièrement. En janvier 1818, les relations se détériorent et O’Meara ne souhaite plus rencontrer le Gouverneur. Devant les critiques de plus en plus virulentes de l’Irlandais, Hudson Lowe demande à ses supérieurs, la révocation du médecin qui est finalement accordée le 25 juillet 1818. Avant de partir, O’Meara parvient à rencontrer son illustre patient une dernière fois, malgré les consignes expressément formulées (Benhamou, 2010, Goldcher, 2010).

Sur l’île, c’est O’Meara qui effectuait les extractions dentaires dans la bouche impériale (Lamendin, 2000 ; Bastien & Jeandel, 2005).

De retour dans son pays, il écrit une dénonciation des méfaits de Lowe sur le Corse qui paraît en 1922, sous le titre Napoleon in exile, or a Voice from St. Helena (5 éditions). Il est un des membres fondateurs du Reform Club. En 1836, il décède d’un érysipèle ou d’un coup de froid attrapé lors d’un meeting de Daniel O’Connell (1175-1847), homme politique irlandais surnommé le « Libérateur » ( http://www.pgil-eirdata.org , sans date).

 

 

Références bibliographiques  :

Benhamou Albert, L’autre Sainte-Hélène, la captivité, la mort et les médecins autour de Napoléon, Albert Benhamou Publishing, 2010.

Bastien Jacques & Jeandel Roland, Napoléon à Sainte Hélène – Etude critique de ses pathologies et des causes de son décès, Le Publieur (éd.), 2005.

Goldcher Alain, Autopsie commentée de Napoléon Bonaparte, communication personnelle, Saint-Maur-des-Fossés, 2010, 218 p.

http://www.pgil-eirdata.org , Barry Edward O’Meara, sans date, p. 1.

Lamendin Henri, « Napoléon, des dentistes et l’Histoire... », in Le Chirurgien-Dentiste de France, 6 et 13 janvier 2000 ; 966/967 : 66-71.

Musée Bonnat, communication personnelle, Bayonne, 2010.

Riaud Xavier, Chronique odontologique des rois de France et de la dynastie napoléonienne, L’Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers les siècles, Paris, 2010 (à paraître).

The David Markham Collection, International Napoleonic Society, communication personnelle, Washington, U. S. A., 2009.

 

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