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Des médecins méconnus sous l'Empire devenus illustres par la suite (2 ème partie)

 

Par Xavier Riaud

Des médecins méconnus sous l'Empire devenus illustres par la suite (2 ème partie)


Bayle

Gaspard Laurent Bayle (1774-1816) étudie d’abord la médecine à Montpellier. Il rejoint l’armée et a comme supérieur direct, Desgenettes, dans l’armée du Midi. En 1798, il s’installe dans la capitale est reçu au premier concours de l’internat des hôpitaux de Paris, en 1802. Sous l’autorité de Corvisart, il collabore avec Dupuytren et sympathise avec Laënnec. En 1802 toujours, il soutient aussi sa thèse de doctorat. A partir de 1805, il exerce la médecine à l’hôpital de la Charité à Paris et à partir de 1807, il en est chef de service. Bien que doté d’un exercice libéral dense, il détermine l’existence d’une tuberculose rénale en 1802 (Dupont, 1999). En 1808, il définit l’œdème de la gorge, les polypes des fosses nasales, du tube digestif et de la muqueuse vaginale dont il affirme la similitude. Son travail en anatomie, ses recherches sur la tuberculose et sur le cancer en font une sommité de l’époque. Concernant la tuberculose, il examine pas moins de 900 cadavres chez qui il parvient à isoler 6 types différents de tuberculose. En 1810, il publie un livre intitulé Recherche sur la phtisie pulmonaire et son dernier ouvrage, un traité sur le cancer, paraît après sa mort en 1833. En 1812, il décrit le cancer du pancréas. Il donne sa contribution au Dictionnaire des sciences médicales rédigé en 60 volumes. Napoléon n’hésite pas à le solliciter en tant que médecin par quartier et à lui demander de l’accompagner en Espagne. Il est cité dans l’Almanach impérial de 1809. Il décède atteint de phtisie pulmonaire en 1816 (Almanach impériale, 1809 ; Dupont, 1999).

 

Chomel

Auguste François Chomel (1788-1858) entame des études médicales à Paris. En 1809, il est interne. Elève de Corvisart, de Pinel, de Bayle et de Boyer, il reçoit le prix Corvisart en 1810 et la médaille d’or en 1811, prix de chimie de l’Ecole pratique. Il soutient sa thèse en 1813. Elle est intitulée Essai sur les rhumatismes. Associé à Laënnec, il ranime la société d’anatomie. De 1814 à 1823, il enseigne la pathologie interne à l’hôpital de la Charité. En 1817, il publie ses Eléments de pathologie générale. Admiratif de Laënnec, il contribue à la promotion de son enseignement et se dispute avec Broussais dont il n’approuve pas les idées. Agrégé en 1823, il est élu à l’Académie royale de chirurgie. En 1830, il est affecté à l’Hôtel-Dieu. En 1832, il devient le médecin consultant du roi. Refusant de saluer le nouvel empereur Napoléon III, il est révoqué.

 

Dupuytren

Guillaume Dupuytren (1777-1835) est inscrit à la hâte, par son père, à l’hôpital Saint-Alexis de Limoges. Ensuite, il part pour Paris où il suit les cours de Corvisart, Boyer, Pinel et de Thouret. Extrêmement pauvre, il travaille sans relâche, nuit et jour. Ne mangeant pas, ne buvant que très peu, il étudie dans les livres d’anatomie, de physiologie et de chimie constamment. Il a été dit qu’il « travaillait à la seule lueur donnée par la combustion de quelques morceaux de graisses prélevés sur les cadavres qu’il dissèque (Gourdol (a), 2010). »Pourtant, s’il souffre manifestement de sa pauvreté, il repousse fermement toute assistance (Dupont, 1999 ; Gourdol (c), 2010). Il suit les cours de La Charité, de La Salpêtrière et de l’Ecole de santé. Son savoir considérable attire le regard médical de la capitale. En 1794, il est prosecteur d’anatomie à l’Ecole de santé. Il s’occupe majoritairement de toutes les autopsies de l’école. En 1801, il est nommé chef des travaux d’anatomie. Il enseigne la pathologie, assisté de Bayle et de Laënnec, avec qui il se fâche lorsque le Nantais découvre que Dupuytren cherche à s’approprier une étude de Bayle. En 1802, il devient chirurgien assistant de l’Hôtel-Dieu. Orgueilleux, il ne supporte pas la contestation et sa recherche de notoriété le rende despotique. En 1803, il soutient sa thèse intitulée Propositions sur quelques points d’anatomie, de physiologie et d’anatomie pathologique. Toujours cette année-là, il est membre de la Société anatomique co-fondée avec Laënnec et Bayle. En 1804, il est chargé de cours en anatomie. En 1808, il prend le poste d’Inspecteur général de l’Université dès sa création. Il se dispute aussi avec Boyer, premier chirurgien de l’Empereur, à qui il avait promis d’épouser la fille, mais celle-ci lui préfère un autre médecin. Rivalisant avec ce dernier au concours pour le poste vacant de professeur de médecine opératoire en 1812. Autoritariste absolu, il ne parle qu’aux malades, préfère être craint, n’accepte pas les questions, se montre impitoyable et n’accepte d’entendre les étudiants que concernant leurs obligations médicales (Dupont, 1999 ; Gourdol (c), 2010).

En 1814, l’ennemi est aux portes de Paris. Dupuytren travaille sans relâche, sous le feu de l’ennemi, aidé de ses étudiants, à soigner les blessés qui arrivent de partout. En conflit avec Pelletan à l’Hôtel-Dieu dont il ne supporte pas le dilettantisme et les absences trop répétées, il supplante celui-ci au poste de chirurgien en chef en 1815. Par son abnégation, sa rigueur et sa dévotion toute entière à sa profession, il donne une dimension internationale à son hôpital qui est considéré comme le meilleur sur le plan mondial, acquiert une clientèle colossale qui lui permet de devenir riche. Il gagne aussi plusieurs sobriquets comme « Napoléon de la chirurgie », « La bête de Seine », « le brigand de l’Hôtel-Dieu » ou « Premier parmi les chirurgiens, dernier parmi les hommes » comme se plaît à le qualifier Percy, etc. En 1820, il est élu membre de l’Académie des sciences, section Médecine et Chirurgie. En 1821, c’est le tour de l’Académie royale de médecine de le recevoir. Louis XVIII lui confie la charge de chirurgien et l’élève à la baronnie en 1823. Corvisart refuse de le faire entrer à la maison impériale, en raison de son opposition au régime en place. A l’hôpital dès 5h00 du matin, il enchaîne les réunions avec ses collaborateurs, consulte, opère, enseigne et assure les visites post-opératoires du soir. Il est le seul à prescrire. D’un diagnostic extrêmement pointu au point de stupéfier son entourage par sa précision et sa sûreté, son sang-froid est légendaire. Patient à l’extrême avec ses patients qu’il sait écouter, il est au service des déshérités et forme ses collaborateurs pour qu’ils soient performant afin d’aider les démunis. Ses succès suscitent de nombreuses jalousies (Dupont, 1999 ; Gourdol (c), 2010).

Dans la nuit du 13 au 14 février 1820, le duc de Berry est assassiné. Dupuytren échoue dans le sauvetage de la victime. Lorsque Charles X abdique en 1830, Dupuytren est devenu une sommité. Il est au sommet, voit 10 000 patients par an et dispose de 3 millions de francs. Confirmé au poste de premier chirurgien par le roi déchu en 1825, le médecin lui offre 1 million de francs pour se remettre en selle, proposition déclinée par le monarque. En 1831, il subit un échec retentissant aux élections législatives dans son limousin natal. Cette année-là, il décrit une maladie engendrant la rétraction des doigts suite à une affection de l’aponévrose palmaire. Cette pathologie porte le nom de maladie de Dupuytren depuis lors. Il publie ses conclusions quant à elle dans le Journal universitaire hebdomadaire de médecine et de chirurgie pratique. En 1832, il fait paraître un livre intitulé Leçons de clinique chirurgicale qui est un ouvrage de référence puisqu’il récapitule l’ensemble de ses connaissances. Travailleur acharné et inépuisable, il est à l’origine d’innovations essentielles et remarquables. En 1833, ayant subi une attaque, il reste paralysé de l’une de ses paupières et du coin de sa bouche. En 1835, il meurt à Paris, d’épuisement. A sa mort, il fait un don de 200 000 francs pour la création d’une chaire d’anatomie pathologique. Cette somme permet la création du musée Dupuytren d’anatomie et cette fameuse chaire est finalement créée par la Faculté (Dupont, 1999 ; Gourdol (c), 2010).

 

Esquirol

Jean Etienne Dominique Esquirol (1772-1840) entame ses études de médecine à Toulouse. Il rejoint l’armée des Pyrénées pour y officier et exerce quelques temps dans les hôpitaux de Narbonne. Enfin, il reprend ses études médicales à Toulouse, puis Montpellier. En définitive, Esquirol monte les achever à Paris, en 1799 (Dupont, 1999). Là, il travaille sous la tutelle de Corvisart, puis en 1801, il rejoint le service de Pinel à La Salpêtrière. Il soutient sa thèse en 1805. Elle s’intitule Les passions considérées comme cause, symptômes, et moyens curatifs de l’aliénation mentale. Elle est considérée comme une œuvre majeure. Par la suite, il a pour mission officielle d’inspecter les hôpitaux d’aliénés. En 1810, il succède à Pinel au poste de médecin en chef de La Salpêtrière. En 1817, il y débute le premier enseignement sur les maladies mentales (Dupont, 1999). En 1820, il est élu à l’Académie royale de médecine nouvellement créée. En 1825, il est promu aussi médecin en chef de la Maison royale de Charenton. Il demeure à cette fonction jusqu’en 1834. Responsable de la Loi du 30 juin 1838 qui impose l’ouverture d’un hôpital spécialisé dans chaque département, il y demande également, concernant les aliénés, que soit mis fin aux décisions d'internement arbitraires par simple lettre de cachet ou de décisions de justice. Cette même année, il est le premier à établir une description médicale de la trisomie 21. Au cours de sa carrière, il établit une classification des différentes formes de mélancolie, remet en cause les préceptes de Pinel quant à ses méthodes de compassion et de douceur, approfondit sa nosographie, distingue les hallucinations des illusions et fait un parallèle entre la folie et les passions. Il est considéré comme le père de l’hôpital psychiatrique en France (Dupont, 1999 ; http://fr.wikipedia.org (b), 2010).

 

Guillotin

Joseph Ignace Guillotin (1738-1814) commence ses études de médecine à Reims et les achève en 1768, à Paris. En 1770, il est docteur-régent. Il enseigne l’anatomie, la physiologie et la pathologie à la Faculté de médecine de Paris de 1778 à 1783. Il ouvre un cabinet à Paris qui prospère rapidement. Il publie en 1778, Maladies des femmes. En 1784, au côté de Franklin notamment, il siège à la commission royale d’étude du magnétisme animal initié par Mesmer, commission qui réfute le dit magnétisme. En 1785, il est médecin pour une année du comte de Provence. Le 15 mai 1789, il est élu 10ème député du tiers aux états généraux qui se tiennent ce jour-là. Il signe le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789 (Dupont, 1999, Lemaire, 2003 ; Gourdol (b), 2010). Sa préoccupation première demeure tout de même la médecine. Il cherche à améliorer la profession médicale et faire progresser une certaine conception de l’hygiène sur le territoire français. Il contribue à améliorer les moyens de lutte contre les épidémies. Terrifié par les tortures subies par les condamnés à mort, le 1er décembre 1789, il propose à l’Assemblée nationale une machine à décapiter les condamnés à mort, soucieux d’une mort rapide et sans souffrance. Le 21 janvier 1790, il est le seul médecin intégrer au comité de mendicité et le 4 octobre, il préside au comité de salubrité. Le 3 juin 1791, l’Assemblée nationale accepte que tout condamné à mort doive avoir la tête tranchée. L’année 1791 voit le comité de salubrité entamer une réforme de la médecine en profondeur en instaurant une hiérarchie qui commencerait aux départements. Associé à Antoine Louis, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, Guillotin reprend les plans d’une machine qui existe déjà depuis 1632 et les perfectionne (Dupont, 1999, Lemaire, 2003 ; Gourdol (b), 2010). C’est Louis XVI lui-même qui signe le décret qui adopte l’usage de cette machine à décapiter, le 25 mars 1792. Pourtant, Guillotin reste étranger à la fabrication de la celle-ci. Le 27 avril 1792, le voleur et assassin Pelletier est le premier à être rasé de près. Il rejoint alors l’armée du nord et y officie en tant que chirurgien. Il est horrifié par l’utilisation qui est faite de sa machine et dépité qu’elle ait pris son nom, ce qu’il a refusé même sur son lit de mort. 50 guillotines sur tout le territoire, 19 000 morts à Paris et 42 000 en province pendant la Terreur soit de juin 1793 à juillet 1794. En novembre 1793, il est commissaire de la section de la fontaine de grenelle à Paris chargé de l’approvisionnement et de l’habillement des troupe de l’armée du nord. En juillet 1794, il est officier de santé au sein de l’armée du nord et dirige avec Baudelocque, hôpital militaire établi dans l'abbaye Saint-Vaast d'Arras. Le 27 novembre 1794, Fourcroy réforme l’enseignement de la médecine. Se faisant, il reprend nombre des propositions de Guillotin qui se voient confirmées en réformes dans la loi du 10 mars 1803. Guillotin est un des fervents partisans à la restauration des 3 écoles de santé proposées par Fourcroy. A partir de 1799, il milite pour une vaccination systématisée. En recherche perpétuelle, il préside le comité de vaccine à partir du 11 mai 1800 et obtient à cet effet le soutien du pape de l’époque, Pie VII, en 1804. Guillotin avait obtenu au préalable de Joséphine de Beauharnais, une entrevue avec Bonaparte le 23 octobre 1803, qu'il a tenté de convaincre du bienfait de la vaccination contre la petite vérole. Selon Gourdol ((b), 2010), « Au mois de mai 1805, Guillotin reçoit le soutien de Parmentier, qui impose jusqu'en 1813, l'obligation de la vaccination contre la variole autant chez les civils que chez les soldats de la Grande Armée. Le docteur Larrey se montre très dévoué dans l'inoculation des soldats de l'Empereur. Napoléon fait vacciner son fils le roi de Rome le 11 mai 1811. »

Pendant l’Empire, il exerce comme praticien libéral. En 1804, il fonde l’Académie de médecine de Paris. Après le sacre de Napoléon, elle prend le nom d’Académie impériale de médecine. Cette institution apparaît d’ailleurs dans l’Almanach impérial de 1808. En 1810, elle prend le nom de Société académique de médecine. Portal en claque la porte et crée le Cercle médical en 1811. Ce dernier n’aura de cesse de détruire la société fondée par Guillotin. La lutte se poursuit jusqu’en 1819. Devenu premier médecin de Louis XVIII, Portal parvient à décider le roi de la création d’une Académie royale de médecine. Jusqu’à sa mort, le 28 mars 1814, d’un anthrax à l’épaule gauche, Guillotin refuse que le nom de sa machine soit prononcé devant lui. Il l’appellera jusqu’au bout : « La tâche involontaire de ma vie (Dupont, 1999, Lemaire, 2003 ; Gourdol (b), 2010). »

 

Laënnec

Théophile René Marie Hyacinthe Laënnec (1781-1826) est confié très tôt à son oncle médecin à Nantes. En 1793, il l’assiste lors du siège de Nantes par l’armée vendéenne. En 1795, il entame des études médicales et est nommé aide-chirurgien de 3 ème classe. En 1797, il est missionné pour gagner l’hôpital de Brest et y travailler comme chirurgien de 3 ème classe. En 1798, ayant réussi par concours, à obtenir le grade d’officier de santé de 2 ème classe, il peut finir ses études à Paris. En 1799, il obtient la commission de chirurgien des armées et participe à la guerre contre les chouans en tant que médecin dans l’armée commandée par le général Brune (Dupont, 1999 ; Gourdol (c), 2010). En 1801, il débute à l’Ecole de santé de Paris. Laënnec devient très vite un émule de Jean Nicolas Corvisart dont il suit les préceptes avec assiduité. Il écrit alors deux mémoires dont la qualité est saluée unanimement et qui lui permettent d’entre à l’Ecole pratique. Il y devient le collaborateur de Bayle et c’est avec lui qu’il fait une découverte majeure : le tuberculome, la lésion initiale de la tuberculose. Il officie aussi en tant que médecin suppléant des hôpitaux. C’est alors qu’il fait la rencontre de Bichat et Dupuytren. Avec eux, il rédige l’Anatomie pathologique (Dupont, 1999 ; Gourdol (c), 2010). En 1803, son travail est récompensé par les prix de chirurgie et de médecine. En 1804, il soutient sa thèse intitulée Propositions sur la doctrine d’Hippocrate relativement à la médecine pratique. Associé de la société de l’Ecole de médecine, il travaille en étroite relation avec le Journal de médecine et de chirurgie où il publie de nombreux mémoires qui ne manquent pas de le faire connaître. C’est à cette époque qu’il se brouille avec Dupuytren qui a essayé de s’approprier une des études de Bayle. Il fonde aussi avec Royer-Collard, l’Athénée médicale. En 1806, il donne également des cours d’anatomie pathologique.

Sa patientèle se développe de 1804 à 1814. Il soigne notamment l’oncle de l’Empereur, le cardinal Fesch dès 1808. En 1814, il regroupe tous les blessés et les malades bretons à La Salpêtrière. Après la guerre, après une courte absence, il poursuit sa pratique libérale et soigne notamment Chateaubriand, Mme de Staël, la duchesse du Berry, etc. En 1816, il est nommé médecin en chef de l’hôpital Necker. C’est à cette année-là qu’il invente le stéthoscope. Grâce à cet appareil, il maîtrise l’auscultation comme aucun autre avant lui et parvient à établir une classification des symptômes. En 1818, il fait paraître un ouvrage qu’il baptise De l’auscultation médiate ou traité de diagnostic des maladies des poumons et du cœur fondé principalement sur ce nouveau moyen d’exploration. En 1819, il donne une existence à la cirrhose du foie et apporte une contribution remarquée au Dictionnaire des sciences médicales en 60 volumes. En 1822, il est promu professeur au Collège de France. En 1823, devenu membre de l’Académie royale de médecine et membre de la commission en charge de la réforme de la Faculté de médecine, il est aussi nommé à la chaire de médecine interne de l’hôpital de la Charité. En 1824, il est élevé au rang de chevalier de la Légion d’honneur. Choqué par les théories fumeuses de Broussais sur l’inflammation, il monte en ligne pour en démontrer toute l’aberration. Il meurt en Bretagne, atteint de tuberculose (Dupont, 1999 ; Gourdol (c), 2010).

 

Pinel

Philippe Pinel (1745-1826) entre à l’école de médecine de Toulouse à 22 ans. Il soutient sa thèse à Montpellier, en 1773. Il y rencontre aussi Chaptal. En 1778, il part pour Paris. Pour gagner de quoi vivre, il donne des cours, traduit certains livres de médecine, collabore au Journal de physique et à la Gazette de santé. Il participe à la rédaction de l’Encyclopédie. En 1783, il s’occupe des malades mentaux de la pension Belhomme. D’élocution malaisée, il ne parvient pas à obtenir un doctorat sur Paris. En 1787, il présente un mémoire de mathématiques appliqué à l’étude du corps humain à l’Académie des sciences et en 1789, parvient à établir une classification de la maladie. Quoique fervent républicain, Pinel est horrifié par les crimes commis sous le nouveau régime. Il est notamment proche de la guillotine qui coupe la tête de Louis XVI en 1793. Il n’hésite pas à cacher des prêtres ou des émigrés. Son humanisme est si grand, ses méthodes basées sur la douceur et l’écoute si vénérée, et sa dévotion si appréciée par ses malades que ceux-ci s’interposent le jour où un républicain fanatique est venu l’arrêter pour des activités jugées subversives. En 1793, sa rencontre avec Cabanis est déterminante, puisque l’homme politique le fait transférer le 25 août, à l’hôpital Bicêtre comme médecin aliéniste. En 1794, il est professeur de physique à la création de la nouvelle école de santé de Paris. Il obtient la chaire de pathologie interne peu de temps après et permet à la psychiatrie d’obtenir ses lettres de noblesse.

En 1795, associé à Chaptal son ami, alors son médecin en chef, il transforme La Salpêtrière et en fait un des hospices européens les plus modernes.

En 1803, il succède à Cuvier à l’Académie des sciences. En 1804, dès la première promotion, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il apparaît pour la première fois dans l’Almanach impérial de 1806 en tant que médecin consultant de Napoléon. En 1823, il est contraint de partir à la retraite. Il cultive ses fleurs jusqu’à sa mort et dirige la mairie de Torfou. Il meurt à La Salpêtrière. Ses nombreux patients qui ne l’ont pas oublié sont venus assister à son enterrement (Dupont, 1999 ; Sémelaigne, 2001).

Ribes

François Ribes (1765-1845) est un chirurgien militaire. Il a été l’élève de Chaussier et de Sabatier. Il parvient à devenir prosecteur d’anatomie. En 1805, Napoléon le nomme chirurgien par quartier de sa maison personnelle. Au cours des différentes campagnes de l’Empereur, il a pour fonction d’arriver sur les lieux présumés du quartier général avant Napoléon, de les préparer afin de l’installer confortablement et de veiller à ce que rien ne vienne troubler sa réflexion au cours des affrontements. Ainsi, il participe à 17 combats, 20 batailles et 5 sièges selon Dupont (1999), 3 selon Lemaire (2003) au cours des guerres révolutionnaires et de l’épopée napoléonienne. Il est absent lorsque l’Empereur est blessé à Ratisbonne. En 1814, il est de l’escorte qui ramène Pie VII au Vatican. Il participe à l’autopsie de Louis XVIII, le 17 septembre 1824, et en 1837, il dirige les Invalides en tant que médecin chef (Dupont, 1999 ; Lemaire, 2003).

 

Royer-Collard

Antoine Athanase Royer-Collard (1768-1825) est professeur des humanités jusqu’en 1792. A la Révolution, il est en charge de l’administration des vivres de l’armée des Alpes. Dans le même temps, il commence des études médicales à Chambéry. En 1797, il quitte l’armée. En 1802, il soutient sa thèse. le créateur et le rédacteur en chef de la revue Bibliothèque médicale, premier journal médical en France,à partir de 1805. Il est nommé en 1806, médecin en chef de la Maison royale de Charenton. Il y reste jusqu’à sa mort. En 1808, il est promu inspecteur de l’université. En 1812, il acquiert une notoriété internationale par son mémoire sur le croup. En 1816, il reçoit la chaire de médecine légale de la Faculté de médecine de Paris (http://fr.wikipedia.org (a), 2010). En 1819, il délivre des cours sur la pathologie mentale à la Faculté de médecine de Paris. Louis XVIII l’accapare bien vite et emploie ses services en tant que médecin ordinaire. En 1820, il est élu à l’Académie royale de médecine. Il termine sa carrière en revenant à ses premiers amours, la médecine légale (Dupont, 1999).

Sabatier

Rapahaël Bienvenu Sabatier (1732-1811) est devenu maître en chirurgie à seulement vingt ans. En 1752, il donne des cours d’anatomie à Saint-Côme et est nommé professeur d'anatomie en 1756, discipline qu’il enseigne avec beaucoup de ferveur, où il acquiert une notoriété véritable. Cette même année, il l’enseigne aux Invalides. Ses compétences reconnues, il obtient la survivance des fonctions de chirurgien en chef à l'Hôtel des Invalides en 1757. Il a été le maître de Larrey notamment. En 1773, il devient membre de l’Académie des sciences et la préside en 1799.

En 1792, la Convention le promeut médecin-chef de l’armée du nord. Atteint par la limite d’âge, il retourne chez lui et est nommé inspecteur général du service de santé de l’armée du Rhin. En 1794, il enseigne la médecine opératoire en tant que professeur à l’Ecole de santé de Paris. Napoléon le nomme l'un de ses chirurgiens consultants. Son nom apparaît dans l’Almanach impérial de 1806. Il était reconnu et apprécié en tant qu’opérateur de premier ordre, parfois un peu trop attaché aux anciennes méthodes. C'était un homme simple, frugal, humain, plein de compassion pour les malades. Auteur prolifique, il laisse derrière lui d’innombrables mémoires académiques, des traités de chirurgie et d’anatomie, des travaux remarquables, et novateurs sur les calculs biliaires, les ligatures d’anévrysme, et les fissures anales notamment (Dupont, 1999 ; Meylemans, 2010).

 

Thouret

Michel Augustin Thouret (1748-1810) a été diplômé en médecine à Caen. Il intègre la Société royale de médecine en 1776. En 1789, il est nommé inspecteur général des hôpitaux civils. La Constituante le voit devenir membre du Conseil de santé des hôpitaux militaires. En 1792, assumant ses fonctions, il enraye une épidémie de dysenterie en Lorraine. Lors de la création des trois écoles de santé en 1794, il est en première ligne aux côtés de Fourcroy dans la réforme de l’enseignement médical. Il est nommé professeur et prend logiquement le poste de directeur de l’école de santé de Paris dès sa création. Par la suite, il ouvre un centre de vaccination ce qui engendre l’ouverture d’autres centres dans la plupart des départements. De même, lorsque l’école de santé de Paris évolue en faculté de médecine, il en occupe la place de doyen jusqu’en 1808. Médecin de grande valeur, il s’est consacré entièrement à la défense, la promulgation et à la divulgation du savoir médical, la plupart du temps au détriment de sa carrière. Fidèle toute sa vie aux valeurs véhiculées par le serment d’Hippocrate, il contribue en association avec Corvisart à la fondation de la Société de l’école de médecine de Paris, en 1800. Il siège à l’Assemblée législative jusqu’à sa mort (Dupont, 1999 ; Lemaire, 2003).

 

Si les plus importants médecins en devenir de l’époque ont été cités, cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive et ne peut en aucun cas être considérée comme telle.

 

 

Références bibliographiques  :

Almanachs impériaux, Testu & Cie imprimeurs, Paris, 1805 à 1813.

Dupont Michel, Dictionnaire historique des Médecins dans et hors de la Médecine, Larousse (éd.), Paris, 1999.

Gourdol Jean-Yves (a), « Baron Guillaume Dupuytren (1777-1835), chirurgien et anatomiste français  », in http://www.medarus.org , 2010, pp. 1-6.

Gourdol Jean-Yves (b), « Joseph Ignace Guillotin (1738-1814), médecin, humaniste et homme politique français  », in http://www.medarus.org , 2010, pp. 1-12.

Gourdol Jean-Yves (c), « Théophile René Marie Hyacinthe Laënnec (1781-1826), médecin français, découvreur du stéthoscope  », in http://www.medarus.org , 2010, pp. 1-4.

http://fr.wikipedia.org (a) , Antoine Athanase Royer-Collard, 2010, p. 1.

http://fr.wikipedia.org (b) , Jean-Etienne Esquirol, 2010, pp. 1-3.

Lemaire Jean-François, Napoléon et la médecine, François Bourin (éd.), Paris, 1992.

Lemaire Jean-François, La médecine napoléonienne, Nouveau Monde/Fondation Napoléon (éd.), Paris, 2003.

Meylemans R., « Les grands noms de l’Empire », in Ambulance 1809 de la Garde impériale,http://ambulance1809-gardeimperiale.ibelgique.com, 2010, pp. 1-22.

Sémelaigne René, Philippe Pinel et son œuvre. Au point de vue de la santé mentale, L'Harmattan, Paris, 2001.

 


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