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Claude Louis Berthollet (1748-1822)

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Claude Louis Berthollet (1748-1822), médecin, chimiste, président de la Commission des arts et des sciences de l'expédition d'Egypte, et comte d'Empire

 

Par Xavier Riaud

Claude Louis Berthollet (1748-1822), médecin, chimiste, président de la Commission des arts et des sciences de l'expédition d'Egypte, et comte d'Empire
Claude Louis Berthollet (domaine public)

Il naît à Talloires, le 9 décembre 1748. Il fait ses études de médecine à Chambéry, puis à Turin. C’est dans cette dernière ville qu’il devient docteur en médecine en 1768. En 1772, il s’installe à Paris pour y étudier la chimie. En 1778, il se fait naturaliser Français, étant né en Sardaigne (Bouchon & Grau, 2008-2010). En 1779, il est docteur en médecine de la Faculté de médecine de Paris, puis docteur régent (Fleury-Heusghem, 2000). Un confrère, Tronchin, lui permet de devenir le médecin ordinaire de Mme de Montesson, épouse morganatique du duc d’Orléans. Ce dernier lui permet l’accès au laboratoire qu’il a créé au Palais Royal (Fondation Napoléon, 2008). Dès lors, il se passionne pour la chimie. C’est en 1776 qu’il fait paraître son premier mémoire dans le journal de Physique (Fleury-Heusghem, 2000). Il commence par réfuter les thèses avancées par Lavoisier sur le rôle de l’oxygène dans la combustion, ce qui l’amène à publier pas moins de 17 mémoires. En 1780, il est élu membre de l’Académie des sciences, ce qui constitue un véritable désaveu pour les recherches de Lavoisier par le régime politique en place. En 1784, il dirige les teintures de la manufacture des Gobelins. Il y comprend les propriétés décolorantes de l’hypochlorite qu’il exploite dans le blanchiment des toiles. Il vient d’inventer l’eau de Javel du nom du quartier où la première manufacture qui la fabriquait était installée (Dupont, 1999 ; Bouchon & Grau, 2008-2010). En 1787, il reconnaît son erreur et se réconcilie avec Lavoisier. Ils publient ensembles, un ouvrage au titre évocateur, Méthode de nomenclature chimique. Il est considéré comme le travail précurseur de la chimie scientifique contemporaine (Fondation Napoléon, 2008). En 1789, il voit paraître un ouvrage qui a un retentissement dans toute l’Europe, Description du blanchiment des toiles et fils par l’acide muriatique oxygéné, dans les Annales de chimie. Le blanchiment berthollien est né. Le 30 avril 1789, il est fait membre de la Royal Society (Bouillet & Chassang, 1878 ; Sadoun-Goupil, 1977 ; http://fr.wikipedia.org, 2010) . Il rejoint aussi la Société hollandaise des sciences de Haarlem et l’Académie des sciences de Turin. En 1791, paraissent les Eléments de l’art de la teinture qui deviennent, dans leur domaine de spécialité, incontournables. En 1792, cet opus est traduit en anglais et en allemand (Fleury-Heusghem, 2000).

En 1792 également, il réside à l’Hôtel des Monnaies, où il officie en tant que commissaire, puis administrateur en 1799 (Fleury-Heusghem, 2000).

En 1793, il élabore divers explosifs en employant les chlorates, contribuant ainsi à l’effort de guerre du pays. Après avoir été membre de la commission des Poids et Mesures, il collabore avec Monge à la raffinerie de salpêtre de Saint-Germain des Prés et à la poudrerie de Grenelle. Il est alors professeur de chimie à l’Ecole normale, puis à l’Ecole polytechnique à partir de 1794, dès son ouverture à laquelle il a largement participé (Dupont, 1999 ; Fleury-Heusghem, 2000 ; Bouchon & Grau, 2008-2010). Il contribue en collaboration avec Chaptal, Monge et Laplace, à la création de l’Ecole des arts et des métiers (Bouillet & Chassang, 1878 ; Sadoun-Goupil, 1977 ; http://fr.wikipedia.org, 2010) .

En 1795, il incorpore l’Institut dès sa fondation, dans le premier tiers nommé par le Directoire, ce qui lui permet d’élire d’autres membres (Fleury-Heusghem, 2000). En 1796, il est d’ailleurs missionné pour organiser le rapatriement d’œuvres d’art italiennes confisquées au profit du Louvre. C’est à l’occasion du voyage qu’il rencontre Bonaparte. Une grande confiance unit aussitôt les deux hommes, au point que Berthollet est mis dans la confidence du projet de l’expédition en Egypte bien avant l’heure. Il est un des seuls. C’est lui, ainsi que Monge et Fourier, qui doivent déterminer les 167 savants ou artistes suffisamment compétents, qui composeront la Commission des arts et des sciences, pour les y accompagner et les décider sans leur révéler l’objet du périple. Ces hommes ne savent au demeurant qu’une seule chose : Bonaparte sera avec eux (Fleury-Heusghem, 2000 ; Bouchon & Grau, 2008-2010 ; Fondation Napoléon, 2008).

En 1798, il accompagne Bonaparte en Egypte et intègre, dès l’ouverture de l’Institut d’Egypte le 22 août, qu’il contribue à créer, la section de physique et histoire naturelle. Grand ami de Gaspard Monge, son président, ils ne se quittent plus (Dupont, 1999). En 1799, il devient président de l’Institut. Il se bat avec courage lors de la révolte du Caire et accompagne Bonaparte dans son expédition en Syrie. Le 23 août 1799, Bonaparte quitte l’Egypte et revient avec Berthollet en France. Il l’installe au siège de sénateur après le 18 brumaire, dès la première promotion de décembre (Bouchon & Grau, 2008-2010 ; Fondation Napoléon, 2008). En 1801, il participe à l’élaboration de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale (Bouillet & Chassang, 1878 ; Sadoun-Goupil, 1977 ; http://fr.wikipedia.org, 2010) . Cette année-là, il s’installe à Arcueil. Il y écrit son rapport dans le cadre de l’ouvrage commandé par le ministre de l’Intérieur, Chaptal, en 1802, sur ordre de Bonaparte, et présentement initié par Kléber, intitulé Description de l’Egypte ou Recueil des observations et recherches qui ont été faites en Egypte pendant l’expédition de l’armée française (Riaud, 2010). Sur recommandation du Premier Consul, il a d’ailleurs en charge la présidence de la commission qui doit mettre en place la parution de cet ouvrage (Bouillet & Chassang, 1878 ; Sadoun-Goupil, 1977 ; Fleury-Heusghem, 2000 ; http://fr.wikipedia.org, 2010). Il n’hésite pas à investir pour mettre en place un laboratoire du dernier cri et s’entoure d’assistants reconnus. Les plus grands noms de la science de cette époque s’arrêtent à son domicile. Associé à Laplace, il crée à cette occasion la Société d’Arcueil qui est florissante de 1806 à 1816 (Bouchon & Grau, 2008-2010). Deux fois par mois, des savants comme Chaptal, Gay-Lussac, etc. se réunissent pour débattre et faire état de leurs projets scientifiques (Fondation Napoléon, 2008).

En 1803, il devient sénateur de Montpellier. Cette année-là, il publie son œuvre majeure, intitulée Essai de statistique chimique. Napoléon en fait un grand officier de la Légion d’honneur en 1804 et un comte d’Empire en 1808 (Bouchon & Grau, 2008-2010). En 1804, il publie un autre livre essentiel, Recherche sur les lois des affinités chimiques, où il analyse de nombreux corps dont la composition était inconnue jusqu’alors (Fondation Napoléon, 2008).

En 1807, Napoléon, souhaitant lui montrer toute l’estime qu’il lui porte, lui fait remettre la somme de 100 à 150 000 francs pour, il ne le sait pas, lancer le fils de Berthollet dans l’industrie. Après maintes spéculations hasardeuses, le fils du chimiste est ruiné et se suicide en 1811. Berthollet père ne s’en est jamais remis (Fondation Napoléon, 2008).

Pourtant, en 1814, Berthollet est contraint de voter, par les Alliés, comme d’ailleurs tous les sénateurs, la destitution de l’Empereur. Louis XVIII, reconnaissant, en fait un pair de France, dès son arrivée au pouvoir (Fleury-Heusghem, 2000 ; Bouchon & Grau, 2008-2010). Pendant les Cent-Jours, Berthollet se réjouit du retour de l’Empereur, qui ne le confirme pourtant pas dans la toute nouvelle Chambre des Pairs. Doit-on y voir une rancœur de l’Empereur ? Louis XVIII, à son retour en 1815, l’y rétablit. Le chimiste siège à la toute nouvelle Académie des sciences, est maintenu à l’Institut et intègre l’Académie de médecine dès sa création, en 1820 (Fleury-Heusghem, 2000). En 1816, la Société d’Arcueil est dissoute. Berthollet se contente de cultiver son jardin, tout en prêtant tout de même une oreille attentive à ce qui se passe autour de lui. En 1819, il devient maire de sa ville adoptive, mais bientôt, son état général se désagrège. Il se rétablit et n’hésite pas à se rendre à pied aux séances des Académies et de la Chambre des Pairs (Fleury-Heusghem, 2000).

Il décède à Arcueil, le 6 novembre 1822, suite à une septicémie consécutive à des furoncles mal soignés (Fleury-Heusghem, 2000). Ayant vécu en chercheur toute sa vie, pourtant franc-maçon, il fuyait le monde et la politique (Fondation Napoléon, 2008). Des funérailles grandioses, des éloges académiques, autant d’honneurs qui traduisent la perte incommensurable que vient de subir le monde de la chimie française et internationale (Fleury-Heusghem, 2000).

Un timbre est fait à son effigie en 1958. Une statue est élevée à Annecy en son honneur et un lycée de la ville porte son nom. Une rue de Paris également (Bouchon & Grau, 2008-2010).

Berthollet est un des concepteurs de la théorie de l’atome. Il a contribué à l’élaboration d’une nomenclature chimique et démontré les relations existant entre les acides, et les bases (Dupont, 1999).

 

Références bibliographiques  :

Bouchon L. A. & Grau D., « Claude-Louis Berthollet (1748-1822), comte de l’Empire, grand-officier de la Légion d’honneur », in http://www.napoleon-empire.net, 2008-2010, pp. 1-5.

Bouillet Marie-Nicolas & Chassang Alexis, « Claude-Louis Berthollet », in Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, Hachette (éd.), Paris, 1878.

Dupont Michel, Dictionnaire historique des Médecins dans et hors de la Médecine, Larousse (éd.), Paris, 1999.

Fleury-Heusghem Nicole, « Claude-Louis Berthollet (1748-1822) », in Bulletin de la Société des amis de la bibliothèque de l’Ecole Polytechnique, 2000 ; 54.

Fondation Napoléon, « Berthollet, Claude Louis (1748-1822), chimiste », in http://www.napoleon.org, 2008, pp. 1-2.

http://fr.wikipedia.org , Claude Louis Berthollet, 2010, pp. 1-3.

Riaud Xavier, « Bonaparte, fondateur de l’Institut d’Egypte », in The International Napoleonic Society, Montréal, 2010, http://www.napoleonicsociety.com, pp. 1-3.

Sadoun-Goupil Michelle, Le chimiste Claude-Louis Berthollet (1748-1822), sa vie, son œuvre, Vrin (éd.), Paris, 1977.


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