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Charles-Louis Cadet de Gassicourt (1769-1821)

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Charles-Louis Cadet de Gassicourt (1769-1821), le "pharmacien ordinaire" de l'Empereur

 

 

Par Xavier Riaud

Charles-Louis Cadet de Gassicourt - Histoire de la médecine - Xavier Riaud

Charles-Louis Cadet de Gassicourt par Pineau du Pavillon (1790-1856) (domaine public)

 

Charles-Louis Cadet de Gassicourt naît à Paris, le 23 janvier 1769. Son père Louis-Claude (1731-1799), membre de l’Académie des Sciences, de l’Académie impériale des Curieux de la Nature et proche collaborateur de Lavoisier, est un apothicaire de grand renom dont la valeur scientifique n’est plus à démontrer. Toutefois, des rumeurs auraient couru que Charles-Louis serait un enfant illégitime de Louis XV (Flahaut J., 2002). Le jeune Cadet de Gassicourt se destine à la vie religieuse, mais se rend vite compte qu’il se trompe. Son père souhaite qu’il se consacre à la pharmacie, mais, doué d’une verve prolifique et d’un talent naturel d’orateur, ce sont des études d’avocat qu’il embrasse. Dans le salon de ses parents, il croise Franklin, Buffon Condorcet, Bailly ou encore Lalande. Leurs idées s’insinuent dans son esprit. Il devient avocat à 18 ans, en 1787. Il gagne tous ses procès parce qu’il choisit avec soin les causes qu’il estime nécessaire de défendre. Dans l’esprit de Voltaire, il défend donc les pauvres (Flahaut J., 2002). Le 8 janvier 1789, il épouse Madeleine Félicité Baudet, femme jeune, riche et jolie. Ils ont deux garçons. Mais, volages tous deux, ils divorcent quelques mois plus tard (Bonnemain, sans date).

Charles-Louis décide de profiter de la vie, son père lui allouant une rente annuelle de 8 000 francs. Il écrit des pièces de théâtre qu’il met en scène et qui connaissent le succès, comme Le souper de Molière en 1795 (Flahaut J., 2002).

En 1789, la Révolution a lieu en France. Cadet de Gassicourt fils se sent particulièrement concerné et décide de s’investir totalement à la défense de ses idées. Membre de la Garde nationale, il sauve le couvent de Saint-Lazare de pillards. Par une plaidoirie habile, il sauve son oncle des massacres de septembre 1792 et, par son témoignage, il délivre un noble au risque de perdre sa propre tête. En 1794, il est président de la section du Mont-Blanc. Dans une allocution, il n’hésite pas à critiquer ouvertement la Convention. Condamné à mort par contumace, son effigie subit son châtiment en place de Grève, pendant que lui, s’enfuit dans le Berry où il passe l’essentiel de son temps à aider les ouvriers dans leur travail en améliorant leur productivité (Flahaut J., 2002). Il ne revient que treize mois après pour faire réviser son procès. Les procédures ne sont abandonnées qu’en 1799. L’heure de l’errance est passée. Son père vient de décéder. Afin de ne pas perdre ses parts dans l’officine paternelle, il entame des études de pharmacie qu’il achève deux ans plus tard, en 1800. Son officine fonctionnant très bien, il décide de se consacrer aux plus démunis. En 1802, largement influencé par Cadet de Gassicourt, le préfet Dubois fonde le comité de salubrité publique dont le pharmacien devient le secrétaire en titre, fonction qu’il occupe jusqu’à sa mort. Ainsi, il peut visiter des prisons, contrôle le niveau d’hygiène des logements et de la nourriture des prisonniers. Posant les jalons de la médecine du travail, il étudie le rapport taux de décès/profession (Flahaut J., 2002 ; Bouchon Lionel & Grau Didier, 2008-2010).

Parallèlement, il poursuit sa carrière d’écrivain et publie en 1803, un Dictionnaire de chimie. Il créé aussi la Société des pharmaciens de la Seine. En 1804, année du sacre de Napoléon, son Formulaire magistral connaît 7 éditions. Cette même année, après avoir été introduit auprès du Corse, par Deyeux (1748-1837), ancien pharmacien de Bonaparte, professeur de chimie à la Faculté de Médecine et professeur à l’Ecole de Pharmacie, membre de l’Académie des Sciences (1797) et de l’Académie de Médecine, Cadet de Gassicourt devient pharmacien ordinaire de l’Empereur. Ce dernier décide de l’attacher à sa personne. A ce titre, Charles-Louis dispose d’un logement aux Tuileries, ainsi que dans toutes les demeures où est amené à séjourner le monarque français. De même, au cours des campagnes militaires, il n’est jamais loin de l’Aigle. C’est le cas notamment à Wagram (1809) en Autriche. Il relate d’ailleurs son expédition dans un ouvrage intitulé Voyage en Autriche, en Moravie et en Bavière à la suite de l’armée française pendant la campagne de 1809 (Flahaut J., 2002).

De septembre 1805 à décembre 1809, Cadet de Gassicourt a été amené à écrire six lettres à Dominique Larrey, chirurgien de la Garde Impériale, où, pour la première fois, des références à ses amis, sa vie sentimentale, ses soucis de santé et son inquiétude devant les événements politiques, et militaires sont mentionnés (Marchioni, 2003). En 1809, le pharmacien participe à la création du Bulletin de pharmacie (Flahaut J., 2002).

Il est anoblit le 15 juillet 1810 et arbore sa nouvelle distinction de Chevalier d’Empire avec une certaine fierté, dans la belle société parisienne. Lorsque sonne le glas de l’Empire, Napoléon demande à l’apothicaire de lui fournir un poison pour mettre fin à ses jours le cas échéant. Dans un premier temps, il refuse, mais sous la contrainte, il finit par acquiescer. Le 10 avril 1814, l’armée de Soult est défaite à Toulouse. Le 12 avril, l’Empereur, brisé et fatigué, absorbe le poison, mais s’en repend aussitôt. Cadet parvient à le sauver (Flahaut J., 2002). Le 13 avril, Napoléon abdique. Toraude (1902) situe cette tentative de suicide au lendemain crépusculaire du 18 juin 1815.

Devenu docteur ès sciences en 1812, Charles-Louis préside la Société de Pharmacie en 1818, dont il était membre depuis sa création en 1803. Il est élu aussi à l’Académie de Médecine (Flahaut S., 1980).

Sous la Restauration, il est fait chevalier de la Légion d’honneur par Louis XVIII, mais, républicain convaincu, il vilipende vertement la monarchie et le droit divin. Il connaît des ennuis politiques en 1819, puis professionnels en 1821 (Flahaut J., 2002).

Charles-Henri Cadet de Gassicourt décède le 21 novembre 1821. Il est enterré au Père Lachaise, dans la 39 ème division, 3 ème ligne, P, 26 (http://www.appl-lachaise.net, 2006).

 

 

Publications  :

Le Souper de Molière, comédie-vaudeville en un acte, 1795.

Proverbe ultra-bête, ?.

Le Tombeau de Jacques Molay, ou Histoire secrète des initiés anciens et modernes, templiers, francs-maçons, illuminés, 1797.

La Visite de Racan, comédie-vaudeville en un acte, 1798.

Mon voyage ou Lettres sur la Normandie , 1799.

Le Poète et le Savant, dialogues, 1799.

Esprit des Sots, 1801.

Dictionnaire de chimie (4 vol.), 1803.

Formulaire magistral, 1804.

Saint-Géran ou la Nouvelle langue française, 1807, parodie de Mme de Staël et de Chateaubriand.

Cours gastronomiques, 1809.

Suite de Saint-Géran ou la Nouvelle langue française, 1811.

De l’Étude simultanée des sciences, ou Dissertation sur cette proposition : pour perfectionner une seule des sciences physiques et naturelles, il est nécessaire de connaître la philosophie de toutes les autres, thèse soutenue devant la Faculté des sciences de l’Université impériale le 1 er septembre 1812.

Voyage en Autriche, en Moravie et en Bavière, 1818 ( http://fr.wikipedia.org, 2010)

 

Références bibliographiques  :

Bonnemain Henri, « Charles-Louis Cadet de Gassicourt (1769-1821) », in Actes de la Société d’Histoire de la Pharmacie, http://www.shp-asso.org, sans date, pp. 1-2.

Bouchon Lionel & Grau Didier, « Charles-Louis Cadet de Gassicourt (1769-1821) », in http://www.napoleon-empire.net, 2008-2010, pp. 1-5.

Flahaut Simone, « Le pharmacien Charles-Louis Cadet de Gassicourt, bâtard de Louis XV et sa famille », in Revue d’Histoire de la Pharmacie, 1980 ; 68 (244) : 53-61.

Flahaut Jean, Charles-Louis Cadet de Gassicourt, Bâtard Royal, Pharmacien de l’Empereur, Editions Historiques Teissèdre, Paris, 2002.

http://www.appl-lachaise.net , Cadet de Gassicourt Charles Louis (1769-1821), 2006, p. 1.

http://fr.wikipedia.org , Charles Louis Cadet de Gassicourt, 2010, pp.1-3.

Marchioni J., Place à Monsieur Larrey, chirurgien de la Garde impériale, Actes Sud (éd.), Arles, 2003.

Toraude L. G., « Etude scientifique, critique et anecdotique sur les « Cadet » », in Bull. Sci. pharmacologiques, 1902 ; 6.

 

 

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