ARTICLES - Guerre de Sécession américaine (1861-1865)

Elizabeth Blackwell (1821-1910)

Histoire de la médecine

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Elizabeth Blackwell (1821-1910), première femme médecin, rejoint l'Union en 1861

par
Xavier Riaud

Elizabeth Blackwell est née en Angleterre, à Bristol, le 3 février 1921. Son père y gérait une entreprise de raffinerie de sucre de canne. C'était un homme qui appartenait à la secte des Quakers. Une des caractéristiques de cette société religieuse était d’affirmer que les femmes étaient les égales des hommes. Ainsi, le père de la jeune Elisabeth tenait-il à ce qu'il n'y ait aucune discrimination parmi ses neuf enfants. Aussi, Elizabeth a-t-elle reçu la même éducation que ses frères. En 1831, un incendie dévastateur détruit leur maison. Les Blackwell partent pour les Etats-Unis (Fabre, 2010).

La famille emménage à New York, en 1832. Très vite, le père Blackwell rejoint l'Ohio, Etat résolument anti-esclavagiste où le travail pouvait s’envisager sans utiliser la main d'œuvre esclavagiste. A peine arrivé à Cincinnati, le père décède de maladie. Dénuée de toute ressource, Elizabeth devient institutrice. C’est sans conviction qu’elle va à l’école chaque jour. En effet, la médecine occupe tout son esprit. Chez un médecin qui l’accueille, elle se rend tous les jours. Là, elle consulte et dévore tous ses ouvrages médicaux (http://www.elizabeth-blackwell.com, sans date).

De plus, fidèle aux idées paternelles, Elizabeth se bat avec force conviction dans les mouvements anti-esclavagistes. Dans sa lutte, elle est accompagnée de deux de ses frères, Henry, qui est marié à une militante pour les droits des femmes, et Samuel qui convole avec une autre célèbre militante féministe très engagée. La Guerre de Sécession est proche et les Quakers font feu de tout bois contre l'esclavage. Le livre d'Harriet Beecher Stowe, paru à cette époque, qui porte le titre La Case de l'Oncle Tom, consacre l’histoire d'un esclave noir qui se sort de l'esclavage par sa croyance au dieu chrétien et par le soutien salvateur des Quakers. Il est dit qu’Elizabeth aurait rencontré la célèbre écrivain (Meunier, 1868).

En 1845, Elizabeth part en Caroline du Nord. Elle s’installe chez un médecin, le Dr Dickson, qui lui enseigne les rudiments de sa profession. La jeune femme souhaite entamer des études de médecine. Aussi, gagne-t-elle New York à cette fin (Wilson, 1970). A partir de 1847, elle prospecte les écoles de médecines susceptibles de la recevoir (Lewis, 1999-2000).

Aucune femme n'avait pu tenter sa chance jusque là. Elle s’inscrit au Geneva Medical College où à la suite d’un vote des étudiants plus proche d’une bravade que d’un vote réellement équitable, elle obtient le droit de suivre le cursus estudiantin. Chaque jour, elle est confrontée à l’hostilité environnante. Malgré l’usure qui l’envahit, la jeune femme tient bon. Envers et contre tous, elle termine première de sa promotion. Le 23 janvier 1849, Elizabeth Blackwell reçoit des mains du président du Geneva Medical College de New York, son diplôme de docteur en médecine. Elle est devenue ainsi la première femme diplômée en médecine de l’histoire de l’Humanité (Fabre, 2010).

Face au sectarisme et au conservatisme environnant, Elizabeth ne parvient pas à obtenir un poste de médecin aux Etats-Unis. Pourtant naturalisée américaine, elle doit quitter le sol américain pour la France (Meunier, 1868).

En 1850, Elizabeth fait ses premiers pas à Paris. Aussitôt, elle trouve du travail à l'hôpital de la Maternité (le futur hôpital Tarnier). Au contact des bébés, une conjonctivite purulente l’atteint gravement et lui fait perdre un œil. Elle garde une prothèse oculaire le reste de ses jours (http://www.elizabeth-blackwell.com, sans date).

De retour dans son pays d’élection en 1851, elle ouvre un dispensaire dans les bas quartiers de New York, assistée de sa sœur Emily et de Dr Marie Zakrzewska, une émigrée polonaise qu’Elizabeth a encouragé à faire ses études médicales et qui est devenue docteur juste après elle. En 1857, elle fonde avec sa sœur Emily et Marie Zakrzewska, le premier dispensaire pour femmes des Etats Unis , le New York Infirmary for Indigent Women and Children (Lewis, 1999-2000).

En 1858, Elizabeth part en Angleterre pour y suivre une formation d’un an au sein de l'Ecole de médecine pour femmes qui vient d’ouvrir ses portes, le Bedford College for Women (Fabre, 2010).

Le 1er janvier 1859, Elizabeth, s’appuyant sur une loi récemment votée, obtient le statut et est la première femme à être inscrite officiellement comme médecin en Grande-Bretagne (Wilson, 1970). Elle est de retour en Amérique à la fin de cette année-là (Lewis, 1999-2000).

Lorsqu’éclate en 1861, la Guerre de Sécession, Elizabeth franchit l’océan pour combattre aux côtés de l’Union. Elle joue un rôle prépondérant puisqu’elle reçoit comme fonction, celle d’instructeur de médecine de guerre en charge d’enseigner à de nombreuses femmes, les premiers soins à donner aux blessés (Meunier, 1868). Elle contribue à créer l’Association centrale de secours des femmes. Cette entreprise inspire la constitution de la Commission sanitaire des Etats-Unis avec qui elle travaille en étroite relation pendant tout le conflit (Lewis, 1999-2000).

En 1868, Elizabeth crée une école de médecine pour femmes. Emily en prend rapidement la direction et Elizabeth s’attribue la chaire d’hygiène. Mais, l’aînée des sœurs Blackwell souhaite retourner en Angleterre, dans son pays natal. Elizabeth, avec l'aide de Florence Nightingale, la très célèbre pionnière des soins infirmiers, concrétise en 1869, son projet d’une école de médecine pour femmes, la London School of Medicine for Women. A côté, elle s’engage activement dans la lutte féministe de l'époque. En 1871, elle aurait fondé la National Health Society. En 1873, elle ouvre la première école d'infirmières des Etats-Unis (Fabre, 2010). Elle obtient, peu avant de prendre sa retraite, le titre de professeur en pathologie gynécologique en 1875, à la London School of Medicine for Children (http://www.elizabeth-blackwell.com, sans date). Elle officie à cet endroit jusqu’en 1907, date où elle se retire (Lewis, 1999-2000).

Ecrivain prolifique, elle rédige plusieurs ouvrages sur les maladies et l'hygiène, et notamment un Guide d'éducation pour les femmes qui a été publié jusqu'en Europe (Meunier, 1868).

Jamais mariée, elle adopte Katharine « Kitty » Blackwell en 1854 (Wilson, 1970 & Lewis, 1999-2000).

Un accident vasculaire cérébral et la survenue d'une chute accidentelle l’alitent. Elle meurt le 31 mai 1910, dans sa maison du Sussex. Elle est enterrée dans le cimetière de Saint Mun (http://www.elizabeth-blackwell.com, sans date).


Références bibliographiques :

http://www.elizabeth-blackwell.com, Elizabeth Blackwell Biography, sans date, p. 1.

Fabre André, De grands médecins méconnus…, L’Harmattan (éd.), Collection médecine à travers les siècles, Paris, 2010 (à paraître).

Lewis Jone J., « Elizabeth Blackwell », in http://womenshistory.about.com, 1999-2000, pp. 1-4.

Meunier Victor, « Les femmes docteurs – Miss Elizabeth Blackwell », in La science et les savants en 1867, Germer-Baillère (éd.), Paris, 1868, pp. 253-258.

Wilson Dorothy Clarke, Lone woman: the story of Elizabeth Blackwell, the first woman doctor, Little Brown (ed.), Boston, 1970.



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